LE CANCER de l’ovaire est une entité complexe et très hétérogène. Pourtant, malgré les nombreuses classifications, histologiques (épithélial de bas grade/haut garde, non épithélial…) et cliniques (score d’extension Fagotti, score chirurgical FIGO…) leur traitement reste univoque. Et leur pronostic, malgré des avancées, assez sombre. Les travaux, en particulier du génome Atlas (1) ont identifié des anomalies moléculaires qui témoignent qu’il existe des sous-groupes dans les tumeurs épithéliales et non-épithéliales de l’ovaire. Ces anomalies permettent de mieux stratifier les tumeurs. Elles constituent aussi des cibles thérapeutiques pour de nouveaux traitements, en développement.
• Tumeurs séreuses de bas grade. Elles sont souvent porteuses d’anomalies de la voie KRAS. Un inhibiteur de cette voie, un inhibiteur de MEK, a été testé dans ces tumeurs peu chimiosensibles. Les premiers résultats semblent prometteurs. Et une grande étude de phase III le comparant à la chimiothérapie est en cours.
• Mutations BRCA. Des anomalies du gène BRCA ont été retrouvées à la fois dans les cancers héréditaires mais aussi dans un certain nombre de tumeurs non héréditaires. Or une étude de phase II randomisée post-chimiothérapie testant un inhibiteur de PARP – l’olaparib – a mis en évidence une amélioration de la survie sans rechute dans les cancers BRCA mutés (2). Une étude de phase III démarre.
• FOX L2. Les tumeurs non épithéliales des cordons sexuels et plus particulièrement les tumeurs de la granulosa sont associés à une mutation du gène FOX L2. Cette anomalie identifie clairement désormais ce sous-groupe (3). Ce gène codant pour un facteur de transcription constitue aussi une nouvelle cible thérapeutique potentielle.
Stratification thérapeutique.
On est donc aujourd’hui face à une sous-segmentation des cancers ovariens déjà auparavant répertoriés sur l’histologie. Elle devrait nous amener à une stratification thérapeutique. C’est-à-dire à proposer des traitements différents avec à la clé, on l’espère, une amélioration de la survie globale. Mais attention à bien différencier classification thérapeutique et classification descriptive. Elles ne sont pas nécessairement superposables.
D’après un entretien avec le Dr Isabelle Ray-Coquard (Centre Léon Bérard, Lyon).
(1) Nature 2011;474:609-15.
(2) Ledermann J et al. N Engl J Med 2012;366:1382-92.
(3) Shah SP et al. N Engl J Med. 2009 ;360:2719-29.
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