Au lendemain de la Journée mondiale contre le cancer, marquée par l’inauguration du biocluster Paris Saclay Cancer Cluster à Gustave Roussy par Emmanuel Macron, Unicancer a rappelé son « ambition majeure » de « disséminer l’excellence à tous sans iniquité », selon les mots de son président, le Pr Jean-Yves Blay, en conférence de presse. La Fédération des centres de lutte contre le cancer (CLCC) a ainsi détaillé ses projets en cours et à venir, en particulier sur la personnalisation accrue du dépistage et des traitements.
Le président d’Unicancer s’est d’abord félicité du discours tenu la veille par le président de la République, qui a salué le modèle français des CLCC, vecteur de lien entre soins et recherche. Malgré des difficultés financières (lire encadré), Unicancer maintient son cap sur l’innovation, alors que le nombre de nouveaux cas a été multiplié par deux en France en trente ans. Au sein des CLCC, 20 % des patients traités ont accès à un essai clinique, contre un peu moins 8 % sur l’ensemble du territoire, relève le Pr Blay.
ScreenHPV, MyPeBs, Interception, des programmes phares
Dans cette perspective d’équité face au progrès, Unicancer renouvelle son appel à la mise à disposition généralisée des tests moléculaires et immunologiques qui « sont désormais les standards dans toutes les recommandations internationales », a insisté le Pr Blay. La Fédération des CLCC est également en « accord » avec le Manifeste de la Ligue contre le cancer, diffusé le 4 février, qui a fait de l’accès à l’innovation l’une de ses 10 recommandations, ajoute Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer.
Dans un bilan à mi-parcours de la stratégie décennale, Unicancer est revenu sur ses projets qui couvrent l’ensemble des enjeux, de la prévention aux soins de support, en passant par la désescalade thérapeutique et le soutien aux aidants. Plusieurs portent ainsi sur la personnalisation.
C’est le cas du programme ScreenHPV pour une approche personnalisée de la prévention des personnes à haut risque de développer un cancer HPV-induit. Il s’agit de s’appuyer sur des marqueurs sanguins pour proposer un suivi personnalisé aux patients à risque et détecter précocement la maladie. L’objectif de ce programme qui doit démarrer au troisième trimestre 2025 est d’inclure 10 000 participants.
L’évaluation de l’approche individuelle du dépistage est également au cœur du projet MyPeBs (My Personal Breast Screening), financé par l’Union européenne. Il vise à déterminer les bénéfices potentiels d’un dépistage personnalisé du cancer du sein pour les femmes de 40 à 70 ans, avec des mammographies plus fréquentes pour les patientes à risque élevé, et moins fréquentes pour celles à bas risque. Cette étude internationale multicentrique randomisée a recruté 53 143 femmes résidant en Belgique, Espagne, France, Israël, Royaume-Uni et Italie. Ses résultats sont attendus en 2026.
La prévention personnalisée est encore explorée avec le programme Interception, piloté par l’IGR et déployé dans l’ensemble du réseau des CLCC. Il s’agit d’identifier « au plus tôt » les personnes à risque augmenté de cancer (exposition aux toxiques, anomalie génétique, consommation de tabac et/ou d’alcool) pour les engager dans un accompagnement adapté via un plan de suivi. Près de 5 000 participants ont déjà été inclus.
Vers des chimiothérapies à domicile
D’autres recherches portent sur l’exploitation du potentiel de l’IA et des données de santé pour l’identification de marqueurs précoces ou la définition de profils génétiques à risque. La réduction des séquelles et des complications, l’amélioration de la qualité de vie, l’adaptation des traitements, la désescalade thérapeutique comptent aussi parmi les sujets prioritaires d’Unicancer, a-t-il été rappelé.
Enfin, des avancées ont été saluées, notamment le décret sur la chimiothérapie à domicile, acté par le projet de la loi sur la sécurité sociale (PLFSS) de 2023. Un appel à projets devrait être lancé prochainement avec l’objectif que, dès la première année, 5 % des chimiothérapies entreprises par un CLCC soient réalisées en hospitalisation à domicile (HAD). Cette évolution sera source de « confort » pour les patients et d’une économie de 10 millions d’euros pour l’Assurance-maladie, anticipe le Pr Blay.
Autre sujet de satisfaction pour Unicancer, la décision de scinder le projet de loi sur la fin de vie en deux textes, les soins palliatifs et la création d’une aide active à mourir, est une « réponse que nous saluons pour garantir à tous les citoyens le droit d’accéder aux soins palliatifs sur l’ensemble du territoire, face à une situation d’urgence décrite par de nombreuses associations de patients », réagit la Fédération.
Plus de la moitié des centres déficitaires
Sur les 18 centres de lutte contre le cancer (CLCC) sur le territoire, 11 sont aujourd’hui déficitaires. « Pour la première fois », les résultats cumulés des centres affichent un déficit de 14 millions d’euros, un « signal d’alerte », avertit le Pr Blay, craignant que la situation ait des conséquences sur l’investissement. Dans un contexte de tension sur les ressources humaines (RH) et alors que l’activité des CLCC a connu une hausse de 7 % entre 2023 et 2024, Unicancer appelle à « une plus grande équité de traitement entre le secteur public et le secteur privé non lucratif ». Concrètement, la Fédération plaide pour des tarifs identiques entre l’hôpital public et les CLCC, alors que persiste un « écart de 2,8 % », mais aussi pour une transposition des mesures RH appliquées au public.
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