Grâce à la chirurgie robot-assistée, une équipe toulousaine a réussi une intervention complexe jamais réalisée à ce jour : une ablation ex vivo de tumeurs rénales, suivi d’une autotransplantation rénale avec réparation de l’uretère. L’intervention a fait l’objet d’une publication dans le « Word Journal of Urology ».
« L’innovation, c’est l’enchaînement de ces trois gestes : extraction robot-assistée, ablation des tumeurs, autotransplantation, résume le Dr Nicolas Doumerc, chirurgien urologue, qui a réalisé l'opération au CHU de Toulouse avec le Dr Thomas Prudhomme. En effet, nous maîtrisions chacun de ces trois gestes, mais face à un tableau clinique très spécifique, nous avons opté pour une nouvelle stratégie. »
Une situation clinique complexe
L’intervention a été réalisée sur une patiente âgée de 68 ans et atteinte d’un cancer du rein. Opérée il y a quelques années, elle est revenue en consultation avec des tumeurs rénales bilatérales. « Dans un premier temps, nous avons opté pour la radiologie interventionnelle, la technique la moins invasive pour traiter ces tumeurs. Cela s’est bien passé au rein droit, mais pour le gauche, la chaleur a diffusé sur l’uretère qui s’est sténosé, raconte le chirurgien. Nous avions donc une patiente avec un rein complètement bouché, une néphrostomie et un cancer non traité. Partant de là, nous avons cherché des solutions. »
À ce stade, l’équipe renonce à une ablation du rein gauche. « Plus l’âge avance et moins la qualité des reins est bonne. Si on ampute la moitié du capital néphronique à un patient, on le précipite vers l’insuffisance rénale chronique et c’est un facteur de diminution de la durée de vie, explique le Dr Doumerc. Dans ce cas, nous voulions précisément privilégier tout ce qui pouvait éviter l’insuffisance rénale chronique. »
Les bénéfices de la chirurgie robotique
L’équipe toulousaine, déjà experte en transplantation rénale robotique et référencée comme un centre important de transplantation avec donneurs vivants, a donc opté pour une stratégie qui allait permettre de traiter deux problèmes en un. « Nous avons réalisé la néphrectomie du rein par voie robotique à travers une incision abdominale. Ensuite, ex vivo, sur une table, nous avons procédé à l’ablation de toutes les tumeurs que nous avons repérées par échographie, puis nous avons réintroduit le rein par autotransplantation robot-assistée », détaille le chirurgien. Réimplanté dans le bas de l’abdomen, la fosse iliaque gauche, le rein a été raccordé à l’artère iliaque et l’uretère réimplanté en zone saine.
Pour les spécialistes, cette intervention démontre la faisabilité de cette opération par microchirurgie avec des effets postopératoires bien moins importants que la chirurgie classique.
« Cela reste une intervention lourde, de cinq heures, mais la séquence a été fluide et surtout, aucune complication postopératoire n’est survenue chez cette patiente qui n’a même pas souffert de saignements. Elle a bénéficié de tous les bénéfices de la chirurgie robotique : des suites plus simples, une durée d’hospitalisation plus courte et une reprise d’activité plus rapide », liste le Dr Doumerc.
Selon lui, cette opération apporte la preuve qu'une approche mini-invasive fait aussi bien que la chirurgie classique, avec tous les bénéfices postopératoires. La patiente toulousaine, opérée fin septembre, a été revue depuis et ne présente à ce jour, après scanner de contrôle, aucun signe de récidive des tumeurs. « Cette opération s’adresse à une niche de patients, mais elle ouvre de nouvelles perspectives dans le traitement de multiples lésions rénales. Il nous reste maintenant à créer des séries, pour faire la preuve de l’association de ces trois techniques », conclut le Dr Doumerc.
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