Après les récents succès expérimentaux des vaccins thérapeutiques contre le mélanome et le cancer de la prostate, des vaccins sont maintenant aussi développés pour traiter des tumeurs muqueuses. Des chercheurs français montrent chez la souris l’importance du mode d’administration de ces vaccins pour assurer leur efficacité. Ainsi, pour traiter des cancers muqueux comme les cancers du poumon ou de la sphère ORL, le vaccin doit être administré par voie nasale (voie muqueuse) ; le même vaccin administré par voie conventionnelle (intramusculaire) est inefficace.
« Les vaccins contre le cancer ont connu des progrès récents importants avec la démonstration de l’efficacité d’un vaccin (thérapeutique, NDLR) dans les cancers de la prostate et sa commercialisation (sipuleucel). Devant ces succès, de nombreux essais cliniques ont été développés pour traiter par vaccins différents types de cancers dont des cancers associés aux muqueuses (cancer du poumon, cancer ORL, cancers génitaux, cancer du côlon…). Tous ces vaccins sont administrés par des voies conventionnelles (intramusculaire, sous-cutanée, intradermique…) », explique au « Quotidien » le Pr Eric Tartour (INSERM, Faculté de médecine Paris-Descartes et hôpital Européen Georges-Pompidou) qui a dirigé l’étude publiée dans « Science Translational Medicine ».
Modèle orthotopique
La plupart des vaccins développés contre les cancers muqueux ont été évalués en phase préclinique contre des tumeurs sous-cutanées (et non pas muqueuses) chez la souris. Or les résultats prometteurs chez l’animal ont été suivis d’un échec chez les patients cancéreux.
Sandoval, Tartour et coll. ont donc développé des modèles murins orthotopiques de cancer ORL (greffe de cellules tumorales humaines exprimant l’HPV16 dans la sous-muqueuse de la langue des souris) et de cancer des poumons (greffe de cellules tumorales humaines dans le poumon des souris). Et ils ont comparé, dans ces meilleurs modèles, l’efficacité de la vaccination par voie muqueuse (intranasale) ou par voie systémique (intramusculaire).
Survie : 90 à 100 %
Les résultats montrent clairement, aussi bien dans le contexte préventif que thérapeutique, l’efficacité du vaccin administré par voie nasale, avec inhibition de la croissance tumorale et survie de 90 à 100 % des souris, tandis que le vaccin administré par voie intramusculaire est inefficace.
« La voie intranasale programme les cellules du système immunitaire (lymphocytes T) de façon à ce qu’elles migrent vers les sites tumoraux pulmonaires ou ORL, tandis que la voie intramusculaire ne favorise pas la migration des lymphocytes vers les sites muqueux », précise le Pr Tartour.
Migration vers les sites muqueux
« Nous avons montré que la voie nasale augmente l’expression de molécules d’adressage (CD49a) sur ces lymphocytes, expliquant la migration de ces cellules immunitaires sur les sites pulmonaires et ORL muqueux. Cette molécule CD49a est aussi présente sur les lymphocytes présents dans les tumeurs du poumon et ORL humaines, suggérant que ces résultats pourraient être extrapolés à l’homme. Nos résultats devraient conduire à changer les modes d’administration de ces vaccins pour augmenter leur efficacité dans les tumeurs muqueuses, en privilégiant une voie muqueuse d’immunisation au dépend des voies classiques d’immunisation (exemple : voie intranasale pour le traitement des tumeurs pulmonaires ou ORL…). »
Voies nasale, orale, sublinguale…
« La prochaine étape sera de valider ces résultats par une étude clinique chez l’homme comparant l’efficacité d’un vaccin anti-cancer administré par voie nasale ou intramusculaire. » L’équipe envisage aussi d’évaluer l’efficacité de différentes voies muqueuses d’administration (voie nasale, voie orale, voie sublinguale…) dans des essais cliniques chez l’homme. Un autre objectif sera de généraliser ce résultat à d’autres types de cancers muqueux, comme les cancers génitaux et les cancers colorectaux.
Science Translational Medicine, Sandoval et coll., 13 février 2013
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