LE PR MICHEL MARTY, président du Congrès, a souligné la grande place qui sera accordée aux traitements ciblés. Les progrès des connaissances depuis les années 1960 dans l’exploration moléculaire des cancers et hémopathies malignes ont permis d’aboutir à la notion de gènes oncogènes et de gènes suppresseurs de tumeurs. Les mutations qui peuvent ne toucher qu’un seul gène, et mener à la carcinogenèse, ont permis de caractériser dans les cancers humains les anomalies essentielles à la survie et à la prolifération de cellules cancéreuses, de caractériser des anomalies du produit de ces gènes spécifiques de certains sous groupes d’un cancer donné. Ces avancées dans la connaissance sont autant de cibles potentielles pour enrayer, pour éviter la progression tumorale, d’où la naissance de traitements moléculaires ciblés.
Actuellement, en Europe sur les 44 médicaments anticancéreux bénéficiant d’une AMM, 24 sont des agents ciblés (anticorps monoclonaux humanisés ou humains, molécules chimiques inhibant une fonction particulière dans une cellule cancéreuse…). Ces traitements ne sont actifs que si les cibles sont présentes, d’où la nécessité de développer des tests pour repérer avec précision les anomalies moléculaires. En France, la réalisation et le développement de ces tests sont réalisés dans les plateformes de génétique moléculaire somatique, fortement soutenues par l’Inca. Au cours du congrès, une large place sera consacrée à toutes ces molécules ciblées en développement, 800 à 900 actuellement. Certaines vont être prochainement disponibles touchant de nouvelles cibles (exemple : mutation de RAF dans les mélanomes). Leur maniement, leurs toxicités d’apparition rapide ou retardée devront être étudiées.
Radiothérapie dans les cancers de la tête et du cou
Autre point fort du congrès sera la radiothérapie dans les cancers de la tête et du cou. Les avancées dans ce domaine sont importantes, avancées liées aux progrès de l’imagerie et aux nouvelles techniques d’irradiation, permettant un ciblage très précis et efficace des tissus pathologiques tout en préservant les tissus sains. On peut ainsi citer l’efficacité de la radiologie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) qui assure la préservation salivaire des malades irradiés. Le couplage de la radiothérapie avec des agents spécifiques limiterait les séquelles de l’irradiation.
Enfin, on notera dans les cancers ORL, notamment dans ceux de l’oropharynx, la présence conjointe d’une infection à HPV (dans 30 % des cas chez les non-fumeurs). Cette association est un élément nouveau : ce virus apparaît comme un élément majeur dans la genèse de ces cancers, dont la survie est très dépendante de la présence de HPV. Leur pronostic serait toutefois moins grave que les cancers liés au tabac. Néanmoins, on s’achemine peut-être vers une révision des indications de la vaccination contre les HPV, les virus en cause étant les mêmes que ceux colonisant le col utérin.
Environnement et cancer.
Parmi les autres sujets du congrès, on remarque la session « environnement et cancer », traitant des préoccupations actuelles environnementales que sont les relations éventuelles entre les expositions aux pesticides et certains cancers dévoilées par des enquêtes épidémiologiques, l’altération des fonctions de reproductions et des cancers hormonaux dépendants suspectés d’être la conséquence de l’exposition aux perturbateurs endocriniens (DDT, PCB, dioxine, métaux lourds…), l’impact du travail de nuit sur la genèse de cancer, les risques de cancer liés au diesel en milieu professionnel…
Enfin on notera que les problématiques spécifiques des cancers chez les adolescents et les jeunes adultes, problématiques seront abordées tant au niveau des traitements (faut les traiter comme des enfants ou comme des adultes ?), qu’au niveau psychologique (ce sont des individus en pleine construction professionnelle, amoureuse…)
D’après une conférence de presse présidée par le Pr Michel Boiron et le Pr Michel Marty.
Renseignements www.eurocancer.com
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