Coordonnée par le Pr Paolo Palmieri de l'Université de Liverpool (Royaume Uni) et soutenue par des subventions britanniques et américaines (fonds publics et fondations privées), la méta-analyse portait sur 81 études cas contrôles (dont 17 essais prospectifs) parmi les 1 150 publiées avant juin 2021. Elle rassemble près de 59 000 patients, souffrant de cancer ou non, issus de 28 pays (cinq continents) dont les États-unis, le Royaume Uni, l’Italie, la France et la Chine. Leurs âges médians allaient de 35 à 74 ans.
Davantage de décès chez les moins de 50 ans
Au sein de ces études, 19 incluent des patients souffrant à la fois de cancer et d'infection à Sars-CoV-2, chez lesquels un doublement des décès (RR poolés = 2,12 ; 1,7-2,6) a été mis en évidence par rapport aux cas contrôles (sujets cancéreux non contaminés par le Covid-19). Les sujets positifs au Sars-CoV-2 meurent donc deux fois plus que les non infectés. Lorsque les cas sont appariés sur l'âge, ce surrisque plafonne à 70 % (RR = 1,69, 13 études). A contrario, en absence d'appariement sur l'âge, la mortalité est plus que triplée (RR = 3,8, 6 études). En effet, les données montrent que le surrisque de décès lié au Covid-19 chez les patients cancéreux décroît avec l'âge (analyse en régression univariée). Les plus jeunes (moins de 50 ans) sont donc plus touchés par cette infection lors de cancer sous jacent. « Cet excès de mortalité plus marqué chez les plus jeunes est très probablement davantage lié au type de cancers dont ils souffrent, plutôt qu'à leur âge », commentent les auteurs. Le sexe n'influant pas significativement sur l'excès de mortalité, hommes et femmes payent globalement le même tribut.
Les cancers pulmonaires et hématologiques à risque
L'analyse de l'impact pronostique d'une infection à Sars-CoV-2 sur la mortalité des patients souffrant de cancer met en évidence d'importantes différences en fonction du type de tumeur en cause. Un excès de mortalité relatif a été retrouvé chez les porteurs de tumeurs pulmonaires (RR = 1,68 ; 1,4-1,9) et chez ceux souffrant de leucémies (RR = 1,42 ; 1,3-1,5). En cas de cancers du sein ou gynécologiques, les patientes décèdent étonnamment moins si elles développent une infection Covid-19 qu'en son absence (RR = 0,51 et RR = 0,76, respectivement), celle-ci boostant peut-être leur immunité cellulaire comme le ferait un anti-PD1…
Dans la même lignée, les patients sous chimiothérapie lors de l'infection par le Sars-CoV-2 payent un lourd tribut avec plus 30 % de surmortalité, alors que ceux sous hormonothérapie ne voient leur mortalité augmentée que de 11 %.
Ainsi, cette étude confirme que globalement souffrir de cancer majore le risque de développer une forme d'infection à Covid-19 sévère. Elle montre en outre que l’interaction entre cancer et Sars-CoV-2 est d'autant plus délétère que les patients sont jeunes et souffrent de cancers pulmonaires ou hématologiques. L'impact pronostique est aussi majoré chez les sujets sous chimiothérapie, comparativement aux autres types de traitements anticancéreux. À l’inverse, les patients traités exclusivement par hormonothérapie ou anti-hormonothérapie sont les moins affectés. Confortée par de solides données, cette conclusion corrobore le bon sens clinique.
(1) Khoury E et al. Differences in Outcomes and Factors Associated With Mortality Among Patients With SARS-CoV-2 Infection and Cancer Compared With Those Without Cancer : A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA Network Open 2022;5(5):e2210880. doi:10.1001/jamanetworkopen.2022.10880
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