Quelles sont les grandes forces de la technique ISET ?
ISET a été évaluée dans plus de 50 publications indépendantes, sans financement de l'industrie, par de nombreuses équipes internationales. C'est la technique ayant la plus grande sensibilité. L'analyse cytopathologique sur des cellules intactes est un gage de grande fiabilité. Environ trente-cinq équipes, dont l'institut Gustave-Roussy, sont équipées d'appareils ISET.
L'ADN tumoral circulant connaît un essor grandissant et le projet Grail vise, comme ISET, la détection précoce des cancers. Les applications des CTC et de l'ADN tumoral sont-elles en concurrence ou complémentaires ?
Les biopsies liquides présentent l'intérêt d'éviter les ponctions douloureuses des cancers. C'est intéressant en termes de morbidité, notamment dans le cancer du poumon, mais aussi concernant le risque de dissémination des cancers, comme une étude l'avait montré dans le foie avec l'extension tumorale sur le trajet de l'aiguille.
Concernant la détection précoce des cancers grâce à l'ADN circulant, je suis plus réservée. Cet ADN tumoral circulant, dégradé et issu des cellules mortes, est noyé dans l'ADN des cellules normales, qui est souvent muté. En cas de pathologies inflammatoires, il peut exister un certain pourcentage d'ADN muté non cancéreux dans le sang. La question sera de savoir à partir de quel pourcentage de mutations d'ADN muté on pourra affirmer sans erreur l'existence d'un cancer dans l'organisme. Par ailleurs, au tout début d'un cancer, la quantité d'ADN tumoral circulant est infime, car les cellules cancéreuses sont peu nombreuses et très peu d'entre elles meurent. Or leur mort est nécessaire à la libération dans le sang de l'ADN. En cas de cancer invasif, l'angiogenèse est stimulée : les cellules tumorales ne meurent plus mais se mettent à circuler ; ce n'est qu'une fois que la masse tumorale devient suffisamment importante que les cellules meurent en plus grande quantité. Les deux approches peuvent donc être complémentaires.
Pour l'utilisation de l'ADN tumoral circulant à but théranostique, c'est-à-dire pour guider le choix de la thérapie, sa valeur est importante en cas de test positif, mais en cas de test négatif, il faudra avoir recours à une autre approche.
Quels développements souhaitez-vous pour ISET ?
Il faut démocratiser ISET comme test de suivi des patients ayant un cancer. Le test, qui a vocation à être répété, coûte aujourd'hui 486 euros. C'est un prix plancher très bas pour les acteurs - moitié moins cher que celui CellSearch, mais qui reste trop élevé pour les patients. Des discussions sont en cours à la HAS depuis juin 2016 pour étudier les possibilités d'un remboursement. Depuis 20 ans maintenant et après des résultats probants, ISET devrait être plus connue des médecins pour les aider dans le processus de staging et de décision clinique.
Avec une utilisation élargie, le test pourrait être automatisé. La technique ISET répond à la question de l'existence de CTC dans le sang en cas de cancer déjà diagnostiqué, car l'organe d'origine du cancer est connu. Mais, clairement, elle n'est pas encore validée pour la détection précoce des cancers invasifs. Il faut développer les techniques pour déterminer de quel organe les cellules proviennent. Des investissements de recherche sont nécessaires.
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