LE QUOTIDIEN : Vous faisiez beaucoup de vélo avant d'arrêter avec la maladie. Comment en êtes-vous venu à reprendre le sport en cours de traitement ?
Vincent : Un radiologue m'a dit sur un ton assez léger que les rayons pouvaient tuer des cellules au niveau des poumons et réduire mes capacités pulmonaires m’empêchant par la suite de courir en compétition. Assez désemparé, j’en ai parlé à ma compagne qui m'a proposé que l’on s’entraîne ensemble dans le but de courir un marathon.
Quand avez-vous constaté des bénéfices à la reprise de la course à pied ?
Léa : Ne sachant pas du tout comment Vincent allait réagir, nous avons recommencé à courir très progressivement et toujours ensemble. Aucun incident n’est survenu et on s’est même aperçu que plus vite il courait après sa chimio, plus les effets secondaires se dissipaient… Après 20 minutes d’effort, il se sentait mieux immédiatement… Les médecins étaient assez stupéfaits. L'un d'eux nous a même avoué que c’était grâce à nous qu’il avait embauché dans le service d’hématologie du CHU de Caen une enseignante en activité physique… C'est une fierté pour nous. Le sport est le seul médicament qui lutte contre la fatigue induite par le traitement et la maladie elle-même.
Vincent : Je comparais l’effet des chimiothérapies à une gueule de bois qui durait plusieurs jours. La course à pied diminuait cette impression et je mettais un peu moins de temps à m’en remettre qu’au début. Souvent deux jours après, j’étais revenu à un état de fatigue pour ainsi dire normal.
Vous avez dû aussi lutter contre les a priori de votre entourage concernant l’activité physique !
Vincent : Mes parents me disaient : « Tu es malade, il faut que tu te ménages et que tu restes au lit ». Connaissant ma nature assez active, ils avaient peur que je fasse des bêtises. Le frein que l’on met aux malades, c’est souvent l’entourage proche qui le provoque et cet excès de prudence devient délétère. Or, on sait maintenant que rester inactif provoque des maladies chroniques et ne fait qu’accentuer les effets secondaires des traitements. C’est vraiment la chose à ne pas faire…
Malgré tout, vous avez fait une rechute. Quelle place le sport a-t-il eue alors ?
Vincent : Même si les patients les plus actifs ont 30 à 40 % de récidive en moins selon les études, le sport n’est pas non plus un remède miracle. À ce moment-là, j’ai été soigné par radiothérapie et autogreffe. J’ai dû rester alité trois semaines, et j’avais demandé que l’on m’apporte un vélo d’appartement. J'en faisais à peu près une heure tous les jours, même la première semaine, où j’avais de grosses chimiothérapies. C’était assez dur physiquement de s’y mettre mais je ressentais réellement un effet immédiat sur la fatigue. Les jours où je n’en ai pas fait, j’étais assez mal… Je suis maintenant en rémission depuis deux ans et demi et j’ai retrouvé des capacités tout à fait normales. Sans aucun signe de rechute. Actuellement, dans chaque centre anticancer, il existe un enseignant en activité physique adaptée. Cela va très certainement devenir dans les 10 à 15 ans, un réflexe automatique. C’est en tout cas ce pour quoi on milite…
* Éditions du Faubourg
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