La toxicité myocardique des chimiothérapies est un problème majeur en oncologie. Sa fréquence peut atteindre 48 % pour les anthracyclines et 20 % pour les thérapies ciblées. De plus, en raison du vieillissement de la population, les patients ont de plus en plus souvent des facteurs de risque ou des pathologies cardiovasculaires.
La cardiotoxicité expose au risque d’insuffisance cardiaque, et à l’arrêt du traitement contre le cancer. La Société européenne de cardiologie a proposé une stratégie de prise en charge des patients atteints de cancer face aux risques cardiovasculaires de leurs traitements. L’identification des patients à risque cardiovasculaire est fondamentale avant un traitement oncologique. Il est ainsi proposé d’associer à une consultation cardiologique, la mesure d’une fraction d’éjection du ventricule gauche par échographie, scintigraphie ou résonance magnétique cardiaque. Le dosage de troponine hypersensible et la mesure du strain longitudinal global afin d’optimiser la détection d’une anomalie cardiaque infraclinique sont conseillés. L’évaluation initiale et la surveillance doivent se faire en utilisant la même technique d’imagerie et les mêmes dosages de biomarqueurs.
Un traitement préventif pour les patients à haut risque
Les résultats des études évaluant le bénéfice d’un traitement par IEC, bêtabloquants ou l’association des deux pour prévenir la survenue d’une cardiotoxicité étant controversés, ces traitements ne sont pas recommandés en prévention primaire chez les patients à faible risque de cardiotoxicité. Cependant, ces recommandations suggèrent de proposer cette association aux patients à plus haut risque, le plus précocement possible, y compris chez les patients asymptomatiques. Enfin, l’exercice physique aérobie devrait être encouragé.
Les hommes plus touchés
Une étude britannique, menée sur 76 patients, a montré que les cardiomyopathies chimio-induites étaient plus sévères chez les hommes que les femmes, après un traitement équivalent. D’après les résultats de cette étude, les fractions d’éjection ventriculaire gauche et droite étaient significativement plus basses chez les hommes que chez les femmes, indiquant une moindre performance chez les premiers. La masse et le volume cardiaques étaient plus importants chez les hommes, suggérant des atteintes structurelles du cœur majorées. Des études précédentes menées au sein de populations pédiatriques avaient suggéré un risque de cardiomyopathie plus élevée chez les filles que chez les garçons. Les auteurs suggèrent que l’absence d’hormones sexuelles féminines avant la puberté pourrait expliquer ce résultat, suggérant alors un effet protecteur de ces hormones. Ils indiquent cependant que leurs résultats sont préliminaires et que des essais plus larges sont nécessaires pour les confirmer.
Une approche épigénétique prometteuse
Les inhibiteurs de protéines BET, une classe de thérapie épigénétique évaluée contre le cancer, pourraient offrir un traitement dans l'insuffisance cardiaque. Récemment développés, les inhibiteurs des protéines BET, tels que JQ1 (inhibiteur de BRD4), sont actuellement évalués pour leur activité cancéreuse dans des essais cliniques précoces (phaseI/II). Selon une étude publiée dans la revue « Science Translational Medicine », un inhibiteur BET (JQ1) peut bloquer l'inflammation et la fibrose dans l’insuffisance cardiaque. Les inhibiteurs de BET pourraient ainsi offrir, si les études ultérieures le confirment, une classe d'anticancéreux à effet protecteur sur le cœur.
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