› DE NOTRE CORRESPONDANTE À MARSEILLE
C’ÉTAIT UNE PREMIÈRE début juin, à l’Institut Paoli Calmettes (IPC) à Marseille : une patiente de 82 ans a bénéficié du « traitement en un jour » du cancer du sein, combinant chirurgie et radiothérapie sur une seule journée. Arrivée à l’heure du petit déjeuner, la patiente est sortie le soir même, en ayant terminé son traitement. « Cette dame a subi une intervention classique en ambulatoire avec analyse du ganglion sentinelle, explique le Professeur Patrice Viens, directeur de l’IPC, et une radiothérapie per opératoire avec un appareil qui permet de remplacer dans son cas, une irradiation de 25 séances ».
Disponible depuis février 2012 en phase pilote à l’IPC, la radiothérapie per-opératoire est une innovation majeure qui consiste à irradier le lit tumoral à la suite de l’ablation de la tumeur, lors de l’intervention chirurgicale. Cette technique plus précise et moins toxique ne peut cependant pas s’appliquer à tout le monde. Et cette patiente a pu en bénéficier car elle remplissait toutes les conditions nécessaires à cette prise en charge. A plus de 55 ans, avec une tumeur de petite taille et de bon pronostic, une bonne santé générale, elle pouvait aussi s’appuyer sur un entourage présent à la maison après l’opération. Le protocole ensuite reste habituel. Dix jours après l’opération, cette dame avait rendez vous en consultation post opératoire pour mettre en place son traitement hormono thérapeutique. Et la surveillance à plus long terme n’est ensuite réalisée qu’une fois par an, si tout se passe bien.
Les limites de la T2A.
C’est un réel progrès pour des centaines de femmes qui préfèrent retrouver leur environnement familier le soir, limiter ainsi les maladies nosocomiales mais aussi permettre une prise en charge plus précoce souvent de leur cancer, comme cela a été démontré dans divers pays outre Atlantique. D’ailleurs en 2011, l’IPC a opéré 157 patients sur 800 en ambulatoire. Et depuis février 2012, de nouveaux horizons se sont ouverts grâce à ce nouvel appareil, ici le système Intrabeam, qui permet la radiothérapie per opératoire. Sept centres en France sont équipés d’un tel système et font l’objet d’une étude d’évaluation médico économique lancée et coordonnée par l’INCa, qui aide à définir les bonnes pratiques chirurgicales et radiothérapeutiques. Mais si le procédé séduit à la fois les structures soignantes et leurs patientes, il n’est pas aisé de le développer dans les centres hospitaliers publics ou à vocation publique. « Le système actuel de financement à l’acte en France aujourd’hui constitue un gros souci et même un frein au développement de ce type de thérapie, poursuit le Professeur Viens. Une prise en charge innovante comme le traitement en un jour, si elle va dans le sens de l’intérêt du malade, est à contre-courant du système de facturation à l’activité. Avec un tel exemple, on se rend compte que ce traitement coûte 8 fois moins cher que le traitement classique. Et avec ce type d’innovations, on voit bien que la T2A arrive à ses limites ». Les services de cancérologie attendent avec impatience que soit lancée une grande réforme de la T2A, pour soutenir l’innovation.
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