L'exposition in utero à plusieurs facteurs de risque expliquerait en partie la forte proportion de femmes relativement jeunes parmi les patients atteints de cancer de la thyroïde, selon une étude cas-témoins réalisée dans les pays nordiques et publiée dans « The Lancet Diabetes and Endocrinology ».
À l’origine de ce travail, des chercheurs danois, norvégiens, suédois et finlandais ont constaté dans leurs registres nationaux respectifs que les cancers de la thyroïde sont généralement diagnostiqués à un âge plutôt jeune (âge médian de 51 ans) et que l'incidence de ces cancers est plus forte chez les femmes que chez les hommes quand le diagnostic est fait dans l'adolescence. Les données internationales indiquent en outre que le cancer de la thyroïde est désormais le cinquième cancer le plus fréquent chez les femmes et le second plus fréquent chez celles de moins de 40 ans.
Plusieurs explications possibles ont été avancées à cette inégale répartition du cancer de la thyroïde. « Les seuls facteurs de risque identifiés à ce jour sont l'obésité et l'exposition aux radiations ionisantes durant l'enfance, citent les auteurs. Certaines études ont suggéré un possible lien entre le risque de cancer de la thyroïde et l'exposition in utero aux radiations ionisantes, l'hyperémèse gravidique et le poids à la naissance. »
Trois quarts de femmes
Les auteurs ont rassemblé les données des quatre cohortes nationales, pour relier les antécédents médicaux maternels avec le risque de cancer de la thyroïde de la descendance. Les 2 437 cas au total provenaient de patients ayant eu un cancer de la thyroïde diagnostiqué, entre 1973 et 2013 au Danemark, entre 1987 et 2014 en Finlande, entre 1967 et 2015 en Norvège, ou entre 1973 et 2014 en Suède.
Parmi ces 2 437 cas, on dénombre 1 967 carcinomes papillaires (81,4 %) ainsi qu'une majorité de femmes (n = 1880, soit 77,1 %). Dans un peu plus de la moitié des cas, le diagnostic a été posé avant 30 ans. Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés : le poids à la naissance (+14 % de risque de cancer de la thyroïde pour chaque kilo supplémentaire), l'hypothyroïdie congénitale (risque multiplié par 4,55), ainsi que le diabète maternel avant la grossesse (+69 %) et l'hémorragie du post-partum (+28 %). Dans le registre danois, l'hypothyroïdie, l'hyperthyroïdisme, le goitre et la néoplasie bénigne de la thyroïde chez les mères étaient tous associés à un risque augmenté de cancer de la thyroïde dans la descendance.
L'apport en iodine en question
Les auteurs estiment que la déficience sévère en iodine pourrait être le point commun entre une mère présentant des troubles de la thyroïde et son descendant développant un cancer de la thyroïde, cette carence étant associée à des troubles de la thyroïde. Si le lien entre apport en iodine et risque de carcinome papillaire de la thyroïde n'est pas clairement établi, « il existe une association forte, dans cette étude, entre l'hyperthyroïdisme maternel, les goitres et l'hypothyroïdisme maternel et le risque de carcinome folliculaire de la thyroïde qui soutient l'hypothèse d'un rôle de la déficience en iodine dans le développement du cancer de la thyroïde », affirment les auteurs, évoquant aussi l'influence de maladies thyroïdiennes auto-immunitaires telle que la thyroïdite d'Hashimoto.
C Kitahara et al, The Lancet Diabetes and Endocrinology, décembre 2020. DOI:https://doi.org/10.1016/S2213-8587(20)30399-5
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