Entre les pays d’Europe, d’Australie et de Nouvelle-Zélande, les prix des nouveaux anticancéreux varient de 28 % à 388 % par rapport au prix le plus bas constaté dans l'ensemble de ces états, selon une nouvelle étude publiée dans le « Lancet Oncology ».
Pour ces travaux, l’équipe du Dr Sabine Vogler, qui dirige le Centre collaborateur pour les prix des médicaments et les politiques de remboursement de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), a comparé les prix de vente officiels de 31 anticancéreux princeps dans 16 pays européens, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Jusqu’à présent, aucune évaluation de la sorte n’avait été publiée sur un si grand nombre de pays à haut revenus.
D’après leurs résultats, la Grande-Bretagne, le Portugal et les pays méditerranéens – la Grèce, l’Espagne – paient le prix unitaire le moins élevé pour ces anticancéreux, alors que la Suède, la Suisse et l’Allemagne paient le prix fort.
UE : 51 milliards dépensés pour le cancer en 2009
Ces dernières années, les prix des anticancéreux sont montés en flèche – et ces médicaments pèsent de plus en plus lourd sur les systèmes de santé. Par exemple, dans l’Union européenne, les dépenses de santé pour la prise en charge du cancer atteignaient environs 51 milliards d’euros en 2009, les médicaments anticancéreux comptant pour un tiers de cette somme.
En Australie, les dépenses pour les anticancéreux sont passées de 65 millions de dollars australiens (43,7 millions d’euros) en 1999-2000, à 422 millions de dollars en 2011-2012 (283,9 millions d’euros).
Selon leurs résultats, en 2013, aucun des 31 médicaments n’était vendu à moins de 10 euros. Quatre médicaments avaient un prix unitaire moyen entre 250 et 500 euros, deux médicaments un prix unitaire moyen entre 500 et 1 000 euros, et 7 médicaments dépassaient largement les 1 000 euros. À titre d’exemple, le plérixafor, utilisé dans la transplantation de cellules souches hématopoïétiques chez les patients atteints de lymphome ou myélome multiple, coûte plus de 5 000 euros par injection.
Les plus grandes variations de prix entre pays ont été enregistrées pour la gemcitabine – un anticancéreux utilisé dans le traitement du cancer du pancréas, du sein, du poumon, et du cancer de l’ovaire. Il coûte 209 euros le flacon en Nouvelle-Zélande, contre 43 euros en Australie. En deuxième position, l’acide zolédronique, utilisé en prévention des complications osseuses dans le cancer avancé, qui coûte 330 euros en Nouvelle-Zélande, contre 128 euros en Grèce.
Des accords confidentiels favorisent certains pays
Les auteurs soulignent qu’ils n’ont cependant pas eu accès aux « véritables » montants déboursés par les différents pays pour ces médicaments. « Certains pays à haut revenu arrivent à négocier des prix plus bas avec les industriels, mais ces accords et les prix convenus restent confidentiels », note le Dr Vogler, faisant référence notamment à l’Australie, l’Italie, la Grande Bretagne et les Pays-Bas. « Si ces accords permettent aux patients de certains pays d’accéder aux nouveaux anticancéreux, d’autres pays, qui établissent leurs tarifs à partir des pratiques habituelles – par référencement externe, ou par comparaison internationale – risquent de se retrouver à payer des sommes excessives. Il faut donc davantage de transparence ».
Cette dernière conclut : « Nous espérons que nos résultats apporteront des preuves concrètes aux responsables politiques pour qu’ils fassent front à cette hausse des prix et qu’ils garantissent plus de transparence dans la tarification des anticancéreux, pour que tous les patients, quels que soient leurs pays de résidence, puissent avoir accès à ces nouveaux médicaments. »
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