Le groupe de cliniques Vivalto santé vient de lancer un programme expérimental nommé ChimiOrale sur le suivi connecté de patients souffrant d'un cancer et traité par chimiothérapie orale au centre hospitalier privé du Port-Marly (Yvelines).
Le développement des chimiothérapies et des thérapies ciblées par voie orale (50 % des anticancéreux en 2020) a poussé le groupe à revoir sa stratégie de croissance, au commencement orientée vers un déploiement du savoir-faire médical à l'export.
Depuis le mois de juin, une centaine de patients de Port-Marly, âgés en moyenne de 72 ans, sont donc suivis à distance, via une plateforme numérique – appelée VivaltoLife – qui regroupe (et met à jour en temps réel) leurs données médicales, partagées entre tous les professionnels de santé (oncologue hospitalier, médecin traitant, pharmacien d'officine et infirmier libéral, etc.) impliqués dans la prise en charge de leur pathologie et acceptés par le patient. Les patients ont également accès à un serious game utilisé à des fins d'éducation thérapeutique.
Le but est d'assurer le suivi médical entre les différentes prises de rendez-vous à l'hôpital. « Avec ce projet, nous souhaitons optimiser l'observance des patients mais aussi sécuriser la chimiothérapie orale et la prise en charge de ceux qui présentent une comorbidité importante », indique le Dr Ludmilla Ribière, oncologue à Port-Marly et responsable médicale du projet. Chaque patient peut trouver des réponses à ses questions directement sur la plateforme (effets secondaires du traitement, alimentation, interactions avec d'autres molécules) et échanger avec les professionnels par messagerie sécurisée. Tous les acteurs n'ont pas accès au même volume et à la même nature d'informations, définis selon leurs besoins et leur fonction. Le médecin traitant aura par exemple accès à une fiche technique sur les nouvelles molécules administrées au patient.
Franchir la barrière médicale
Tous les patients ne peuvent pas être candidats au programme, qui est proposé et piloté sur la durée par une « infirmière coordinatrice éducation thérapeutique », un nouveau métier sur lequel Vivalto Santé mise beaucoup.
« La chimiothérapie orale est en passe de devenir incontournable, commente Daniel Caille, P-DG du groupe. Nous nous sommes demandé comment contrer la perte de chiffre d'affaires sur les séances de chimiothérapie traditionnelles. Nous en avons enregistré 50 000 en 2016. L'outil digital est la solution. Nous n'avons essuyé aucun refus de patients. Par contre, il nous a fallu franchir la barrière des médecins et convaincre les cinq oncologues de la clinique de sortir de leur bureau et d'arrêter de facturer des CS. C'est chose faite. »
L'oncologie médicale est la troisième activité du groupe (14,7 % des séjours), derrière l'orthopédie (15,6 %) et la médecine (20 %). Vivalto Santé a l'intention de déployer en 2017 son nouvel outil à quatre autres cliniques du groupe : la clinique Pasteur à Brest, Saint-Grégoire à Rennes, La Côte d'Émeraude à Saint-Malo et Sainte-Marie à Osny.
Né en 2010, Vivalto Santé est passé de 3 à 18 cliniques en six ans (dont 5 acquisitions en 2016), concentrées dans l'ouest de la France, en Rhône-Alpes et en Ile-de-France.
En 2016, le chiffre d'affaires de Vivalto Santé est de 415 millions d'euros. 1 300 médecins y exercent. Spécificité de Vivalto, un tiers de ces praticiens sont actionnaires du groupe.
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