« Les travaux de l’INCa ont montré que depuis 2005 et la création de l’institut, le prix moyen mensuel des traitements anticancéreux a augmenté de 10 % par an », constate sa directrice des recommandations et du médicament, Muriel Dahan, en préambule d’un débat organisé par le cabinet Nile Consulting sur le thème de l’accès à l’innovation thérapeutique.
Le prix devient ainsi de plus en plus un facteur limitant d’accès au médicament. « On a voulu valoriser l’innovation et lier le niveau de prix au service médical rendu. Ce système est par définition inflationniste car à partir du moment où l’on apporte quelque chose, on a un prix supérieur », poursuit-elle. Or, le financement des nouveaux anticancéreux pose aujourd’hui question alors qu’arrive une nouvelle vague d’innovations, telles les immunothérapies, anticorps bispécifiques, thérapies cellulaires CART qui pourront être utilisées en bi, tri voire quadrithérapies. « Actuellement, on a la possibilité de faire des ATU hors AMM. On a des indications d’AMM financées en sus, des indications hors AMM qui le sont également et d’autres indications dans l’AMM qui ne le sont pas. Tout cela n’est pas tout à fait incohérent pour peu que l’on soit très clair sur les conditions dans lesquelles le niveau de preuve est suffisant », fait-elle remarquer. Or, c’est là où le bât blesse. Muriel Dahan s’inquiète également de la part croissante des mises sur le marché anticipées qui tend à pervertir le système.
Retour aux fondamentaux
« On parle beaucoup d’études en vie réelle mais on n’est jamais au niveau de preuve d’un essai clinique. Si l’on donne l’AMM en phase II, on n’aura pas le bon niveau de preuve et la certitude que c’est bien l’effet pour lequel on a autorisé le produit », souligne-t-elle. Pour la directrice des recommandations et du médicament de l’INCa, il est temps de revenir aux fondamentaux. « Il faut d’abord définir les conditions où le médicament est le plus utile, cibler vraiment la bonne indication, être très clair sur le bénéfice réel et les situations où l’on n’a pas de bénéfice », suggère-t-elle. « Construisons pas à pas avec des critères précis le prix du médicament et de son apport sur la pathologie. Aujourd’hui, on n’arrive pas à évaluer combien coûte un cancer métastasé, en première ligne en prix d’hospitalisation, en prix de traitement. C’est cela qu’il faut absolument définir », insiste Muriel Dahan.
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