UNE ÉTUDE qui peut être porteuse d’un enseignement applicable en pratique dans de nombreux cadres. « Notre étude suggère que le fait de demander explicitement aux femmes ce qu’elles attendent de ce dépistage et aussi de leur poser la question de leurs inquiétudes est utile pour aider à résoudre les problèmes, par une coopération entre le professionnel de santé et les femmes, tous deux impliqués dans la démarche », écrivent les chercheurs.
Au Royaume-Uni, le dépistage des cancers du col de l’utérus est réalisé dans le cadre d’un programme national*. En Angleterre, l’examen est gratuit. Les femmes de 25 à 64 ans sont invitées par courrier, tous les trois ans ou tous les cinq ans selon leur âge, à prendre rendez-vous pour le frottis, généralement chez leur médecin généraliste, où le frottis est pratiqué par une infirmière dans la vaste majorité des cas, et plus rarement par le praticien lui-même.
Une universitaire (Dr Natalie Armstrong de l’Université de Leicester) s’est inquiétée du ressenti par ces femmes de leur dépistage. Le Dr Armstrong a recueilli le témoignage de 34 participantes et en publie une analyse dans la revue « Family Practice ».
Manque de gentillesse et de sensibilité.
D’une manière générale, ces femmes relatent une expérience loin d’être positive. L’étude met en relief le stress, l’anxiété et même les douleurs accusées par les femmes lorsqu’elles vont faire réaliser ce test. Elles rapportent qu’elles ne sont pas traitées avec la gentillesse et la sensibilité qu’elles attendent.
Les plaintes peuvent portent sur les soignants qui réalisent le frottis, qui manifestent distance et détachement, alors que les femmes auraient trouvé plus adéquate une approche personnalisée, pour un examen dont elles soulignent la nature « extrêmement intime et personnelle ».
Pour le Dr Natalie Armstrong, « l’attitude envers les frottis du col est quelque peu paradoxale. D’un côté, le dépistage met en jeu des moyens publics impressionnants. Et d’un autre côté, l’expérience des femmes auxquelles il s’adresse est manifestement pauvre, comme en atteste un nombre croissant de preuves. »
« Les femmes peuvent se sentir passives, impuissantes et vulnérables face à une situation potentiellement pourvoyeuse de douleur et d’inconfort, honte et humiliation, et une violation ou une invasion de leur vie privée. » Une personne interviewée a déclaré : « C’est juste froid. Vous entrez, vous vous déshabillez, elle fait cela, je veux dire qu’elle ne fait que cela. C’est juste dégradant et embarrassant. C’est juste horrible. »
« Ignorer les peurs et l’anxiété et les préoccupations des femmes ressemble à un déni de la réalité ou tout au moins de la validité des réponses émotionnelles des femmes », exprime le Dr Armstrong. « L’éventualité d’une réponse unique applicable à tout le monde n’existe pas. Les professionnels de la santé doivent apporter un meilleur appui aux femmes. »
* http://www.cancerscreening.nhs.uk/cervical/
Family Practice, Doi : 10.1093/fampra/CMR105
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