Un avantage de survie par rapport à la gemcitabine

Des Français montrent l’intérêt de FOLFIRINOX dans le cancer du pancréas

Publié le 13/05/2011
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Crédit photo : PHANIE

L’ADÉNOCARCINOMIE pancréatique a été en 2010 la quatrième cause de décès aux États-Unis. Son pronostic est mauvais : le taux de survie à cinq ans est de 6 % en Europe et aux États-Unis.

La gemcitabine est devenue le traitement de référence pour les cancers pancréatiques avancés après qu’un essai randomisé a montré une amélioration significative de la médiane de survie globale par rapport au fluorouracile administré en bolus (5,6 versus 4,4 mois). Dans les essais de phase III avec la gemcitabine qui ont suivi, la médiane de survie globale était entre 5,0 et 7,2 mois. Son association avec d’autres agents cytostatiques n’a généralement rien apporté par rapport à la gemcitabine seule.

L’irinotecan a une certaine activité clinique dans le cancer pancréatique avancé. Des études précliniques ont montré qu’il a une activité synergique quand il est administré avant le fluorouracile et la leucovorine. Par ailleurs, l’oxaliplatine possède une activité contre le cancer du pancréas uniquement quand elle est associée au fluorouracile. L’oxaliplatine et l’irinotecan se montrés synergiques in vitro.

Étant donné l’absence d’effet secondaire commun entre oxaliplatine, irinotecan, leucovorine et fluorouracile), l’association de ces quatre molécules a été testée en phase I et a montré des réponses chez des patients ayant un cancer pancréatique avancé (Ychou, Conroy, Seitz et coll.). Ce qui a conduit les Français à tester FOLFIRINOX (oxaliplatine, irinotecan, fluorouracile, leucovorine) chez 46 patients ayant un cancer pancréatique avancé, avec un bon indice de performance ECOG (Conroy, Paillot, François et coll.) ; les résultats encourageants ont conduit à la mise en pace d’un essai de phase II-III comparant FOLFIRINOX à la gemcitabine en première ligne chez des patients atteints d’un cancer pancréatique à un stade avancé.

C’est ce nouveau travail français de phase II-III, conduit dans 15 centres pendant la phase II puis étendu à 48 centres pour la phase III, qui fait l’objet d’une publication dans le « New England Journal of Medicine ».

Pour être éligibles, les patients devaient être âgés d’au moins 18 ans, avoir un adénocarcinome pancréatique mesurable et confirmé histologiquement et cytologiquement et n’avoir pas eu de chimiothérapie antérieure. Ils devaient aussi avoir un bon indice de performance ECOG (performance status), à savoir un score de 0 (activité normale sans restriction) ou 1 (activité physique discrètement réduite mais ambulatoire) sur une échelle de 0 à 5.

De façon randomisée, 342 patients ont reçu soit FOLFIRINOX soit la gemcitabine. Six mois de traitement ont été recommandés dans les deux groupes chez les patients répondeurs. L’objectif principal était la survie globale.

Survie globale : 11,1 mois contre 6,8.

Résultat : la médiane de survie a été de 11,1 mois dans le groupe FOLFIRINOX et de 6,8 mois dans le groupe gemcitabine (hazard ratio de 0,57). La survie médiane sans progression de la maladie a été de 6,4 mois dans le groupe FOLFIRINOX contre 3,3 dans le groupe gemcitabine (hazard ratio de 0,47). Le taux de réponses objectives était de 31,6 % sous FOLFIRINOX contre 9,4 % dans le groupe gemcitabine Davantage d’effets adverses ont été notés dans le groupe FOLFIRINOX (5,4 % des patients de ce groupe ont eu une neutropénie fébrile). À six mois, 31 % des patents du groupe FOLFIRINOX ont eu une détérioration définitive de la qualité de vie contre 66 % des patients du groupe gemcitabine.

« Par rapport à la gemcitabine, FOLFIRINOX a été associé à un avantage de survie et avait une toxicité supérieure. FOLFIRINOX constitue une option pour le traitement des patients avec un cancer pancréatique avancé et un bon indice de performance », concluent les auteurs.

New England Journal of Medicine du 12 mai 2011, pp. 1817-1825. Thierry Conroy, Françoise Desseigne, Marc Ychou et coll. Les signataires sont issus de : Nancy, Montpellier, Reims, Toulouse, Bordeaux, Lille, Rennes, Nantes, Boulogne-Billancourt, Lyon,Créteil, Dijon, Rouen, Paris, Villejuif et Le Kremlin Bicêtre.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8962