Cancer précoce de la prostate : un tiers de surtraitement en cas de 2 co-morbidités

Publié le 12/07/2013
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Crédit photo : BSIP

Une étude Inserm en collaboration avec le réseau français des registres de cancer a évalué sur 1 840 patients atteints de cancer de la prostate la proportion de patients réellement surtraités en France. Le constat est sans appel.

Le surtraitement concerne une partie non négligeable des tumeurs cancéreuses précoces de stade T1 et, dans une moindre mesure, les tumeurs plus avancées de stade T2. La présence d’une comorbidité augmente considérablement ces proportions, les patients au stade T1 avec plus de 2 co-morbidités étant réellement surtraités dans un tiers des cas.

Espérance de vie

L’équipe dirigée par Cyrille Delpierre (Unité Inserm 1027 « Épidémiologie et analyses en santé publique : risques, maladies chroniques et handicaps ») a comparé l’espérance de vie avec cancer à l’espérance de vie théorique. En pratique, si l’espérance de vie du patient est supérieure à 10 ans, durée considérée comme nécessaire pour qu’un cancer devienne cliniquement significatif, le traitement est justifié.

Les chercheurs ont ainsi identifié les patients en situation de sur-traitement potentiel, c’est-à-dire ceux dont l’espérance de vie théorique était inférieure à l’espérance de vie avec cancer, et parmi ces derniers, ceux effectivement traités (par radiothérapie ou chirurgie) et donc réellement surtraités.

Il en ressort que 9,3 à 22,2 % au stade T1 étaient surtraités, ce qui représente entre 7,7 et 24,4 % des patients ayant subi une ablation de la prostate et entre 30,8 et 62,5 % de ceux recevant une radiothérapie. La situation semble moins alarmante pour les stades T2 avec 2 % des patients surtraités, dont 2 % de ceux ayant eu une prostatectomie et 4,9 % de ceux ayant eu une radiothérapie.

L’importance des co-morbidités

Élément de première importance, les chercheurs ont pris en compte l’existence de co-morbidités susceptibles de modifier fortement l’espérance de vie théorique. Il se trouve que la présence d’une co-morbidité a considérablement augmenté ces proportions, les patients au stade T1 avec plus de deux co-morbidités étant en situation de surtraitement potentiel dans la quasi-totalité des cas et étant réellement surtraités dans un tiers des cas.

Attitude non-interventionniste

Pour Cyrille Delpierre, « au vu du surtraitement avéré du cancer de la prostate, cette prise en charge pourrait se limiter, notamment pour les patients ayant des comorbidités, à une surveillance permettant de proposer le traitement quand il deviendrait opportun ».

Si la situation reste à améliorer, c’est ce que les urologues commencent déjà à faire conformément aux recommandations de l’Association française d’urologie, comme l’atteste la différence observée entre le sur-traitement potentiel et le sur-traitement réel. La surveillance active n’est pas la position la plus facile à adopter, puisqu’elle demande de justifier une attitude non-interventionniste chez des patients se sachant atteints d’un cancer.

Cancer Epidemiology, 2013

 Dr I. D. d’après l’Inserm

Source : lequotidiendumedecin.fr