Alors que le tamoxifène, cet inhibiteur compétitif des œstrogènes, est le traitement adjuvant de référence pour les femmes non ménopausées atteintes de cancer du sein hormonodépendant et localisé, environ 20 % vont rechuter. Pour la première fois, un biomarqueur prédictif de la réponse a été identifié. Il s'agit de la forte expression d'une protéine appelée PRMT5 dans le noyau des cellules tumorales, dont le mécanisme mis en évidence par une équipe du Centre de recherche en cancérologie de Lyon (CRCL, Inserm/CNRS/centre Léon Bérard/Université Claude Bernard Lyon 1) est décrit dans « EMBO Molecular Medicine ».
« Les cancers du sein hormonodépendants exprimant le récepteur aux œstrogènes α (REα) représentent 80 % des patientes atteintes de cancer du sein », précise au « Quotidien » le Dr Olivier Trédan, oncologue au centre Léon Bérard, qui a codirigé ce travail avec la directrice de recherche Inserm Muriel Le Romancer.
« À partir de populations de patientes traitées au centre Léon Bérard, nous avons mis en évidence qu'une présence élevée de l'enzyme PRMT5 dans le noyau de la cellule cancéreuse est associée à une meilleure survie des patientes en situation adjuvante alors qu'en l'absence de PRTM5 dans le noyau, les patientes ont tendance à rechuter », explique l'oncologue, précisant que chez ces dernières, l'enzyme est présente uniquement dans le cytoplasme des cellules cancéreuses.
L'équipe lyonnaise a ensuite démontré par quel mécanisme d'action l'enzyme agit sur le tamoxifène. « Du fait de sa localisation dans le noyau, PRMT5 modifie le métabolisme de la voie des REα et permet au tamoxifène d'agir », détaille le Dr Trédan, précisant que le fait que la présence de PRMT5 était nécessaire dans le noyau pour l'activité du tamoxifène avait fait l'objet d'un précédent travail à l'aide de modèles précliniques.
Inhiber l'export de PRMT5 du noyau au cytoplasme
Ici, cliniciens et chercheurs sont allés plus loin en montrant que c'est par un phénomène de méthylation que l'enzyme PRMT5 agit sur REα. « Nous avons pu confirmer dans les tumeurs des patientes que c'est bien cette méthylation qui permet au tamoxifène d'avoir une activité inhibitrice de la prolifération cellulaire », détaille l'oncologue, soulignant que c'est la synergie entre une vision biologique de la cellule cancéreuse et une vision clinique avec l'objectif d'améliorer la survie des patients qui ont permis d'aboutir à ces résultats.
Ce travail ne va pas modifier les pratiques dans l'immédiat, les résultats ayant dans un premier temps besoin d'être confirmés, mais ils ouvrent déjà la voie à des perspectives thérapeutiques. L'idée est d'identifier « des mécanismes qui par exemple inhibent l'export de PRMT5 du noyau vers le cytoplasme afin de maintenir l'enzyme dans le noyau des cellules cancéreuses et favoriser l'activité du tamoxifène », avance le Dr Trédan. Reste aussi à comprendre pourquoi le PRTM5 reste dans le noyau chez certaines femmes et pas chez d'autres.
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