Cancer de l’endomètre : la génomique révèle des inexactitudes dans la classification actuelle

Publié le 02/05/2013
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Crédit photo : Phanie

Bien catégoriser permet de mieux traiter. Près de 400 tumeurs de l’endomètre (373 exactement) ont été passées au crible au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center (New York) dans une grande étude génomique menée dans le cadre du réseau de recherche « The Cancer Genome Atlas » (TCGA) avec le soutien des National Institutes of Health (NIH). Et les résultats de ce travail de fourmi ne sont pas décevants.

Cancer endométrioïde de haut grade

Un quart des adénocarcinomes endométrioïdes de haut grade seraient porteurs de mutations initialement décrites dans les adénocarcinomes séreux, ce qui laisse à penser qu’un traitement agressif après la chirurgie serait plus adapté. De plus, l’analyse a caractérisé 4 nouveaux sous-types supplémentaires, et a également découvert des ressemblances avec les cancers du sein, de l’ovaire et colorectal. « Certaines tumeurs ayant la même classification histologique peuvent avoir des caractéristiques moléculaires très différentes », indiquent les auteurs.

Le cancer de l’endomètre est classiquement divisé en 2 grandes catégories anatomo-pathologiques : l’adénocarcinome endométrioïde, corrélé à un excès d’estrogènes, une obésité et à un pronostic favorable, et l’adénocarcinome séreux, plus fréquent chez les femmes âgées et de moins bon pronostic. Alors qu’en association à la chirurgie le premier type relève souvent de la radiothérapie, le second fait appel à la chimiothérapie.

Des points communs avec l’ovaire et le sein

Près de 25 % des cancers endométrioïdes de haut grade présentent des mutations de la P53, ce gène suppresseur de tumeur, et de fortes altérations du nombre de copies. Or ces deux anomalies moléculaires sont connues pour être des caractéristiques clefs des tumeurs séreuses. Dans les cancers endométrioïdes à l’inverse, s’il existe quelques mutations du nombre de copies et de la P53, d’autres ont été fréquemment mises en évidence dans des oncogènes, comme PTEN, un autre gène suppresseur de tumeur et KRAS, un gène impliqué dans la régulation de la division cellulaire.

Certaines mutations disposent d’ores et déjà de thérapies ciblées, qui ont été testées auparavant dans des essais cliniques. Par exemple, 84 % des tumeurs ont des mutations de la voie de la PI3 kinase, qui est impliquée dans de nombreux cancers. De plus, comme certaines altérations génomiques connues dans les tumeurs séreuses ovariennes et les cancers du sein triple-négatifs ont été retrouvées dans les tumeurs séreuses, il pourrait là aussi exister des options thérapeutiques communes.

Nature, publié le 2 mai 2013.

Dr I. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr