Réduire significativement le poids des cancers dans le quotidien des Français. Telle est l’ambition de la stratégie décennale de lutte contre les cancers qui succède au troisième plan cancer quinquennal. « Dix ans, cela change tout : c’est de la visibilité pour tous les acteurs, des paris que l’on se permet, et donc la promesse de davantage d’innovations de rupture, de plus de transformations en profondeur », avait déclaré le président de la République le 4 février dernier, à l’occasion du lancement de la stratégie. Un budget de 1,74 milliard d’euros est prévu pour la période 2021-2025, soit une augmentation de 20 % par rapport au plan 2014-2019. « Ces 20 % supplémentaires sont dédiés à la recherche », a détaillé le Pr Norbert Ifrah, président de l’Institut national du cancer (INCa), lors des 14es Rencontres sur le cancer en mars.
Le plan cancer 3 a permis des avancées majeures, comme la mise en œuvre du droit à l’oubli. « C’est une invention française que le monde entier nous envie, née d’une demande des associations de patients », souligne le Pr Ifrah, qui a aussi salué les progrès en termes de lutte contre le tabagisme et la mise à disposition des immunothérapies. Cette stratégie décennale de long terme vise à consolider ces acquis, avec des objectifs encore plus ambitieux.
Un tiers des mesures lancé en 2021
« Nous avons identifié des priorités pour lesquelles nous estimons que les progrès ne sont pas suffisants », a indiqué Thierry Breton, directeur général de l’INCa, lors d’un Café Nile en mars. Des objectifs quantitatifs ont ainsi été définis, et quelque 234 mesures ont été construites autour de quatre axes. « Le premier tiers sera lancé dès 2021, et quasiment un autre tiers avant la fin 2022 », avait annoncé le Pr Ifrah. Un bilan des actions est attendu en 2022.
Le premier axe vise à améliorer la prévention, en s’attaquant en priorité aux 40 % de cancers évitables. La mise en œuvre d’un programme national de prévention du risque alcool et la labellisation de réseaux de recherche en prévention primaire sont notamment prévues. Le deuxième axe vise à limiter les séquelles et à améliorer la qualité de vie, alors que deux tiers des patients souffrent de séquelles cinq ans après un diagnostic de cancer. Et alors que tous les cancers n’ont pas bénéficié des mêmes progrès en termes de survie, lutter contre ceux de mauvais pronostic, comme les cancers du poumon et du sein triple négatif, constitue le troisième axe.
Enfin, quatrième axe : s’assurer que les progrès bénéficient à tous, que ce soit en termes de prise en charge de qualité, de recours aux innovations diagnostiques, d’accès aux traitements innovants… Le président de l’INCa a insisté sur la volonté « que tout soit organisé pour que les patients reçoivent les soins les mieux adaptés à leur situation, au plus près de leur domicile », avec pour cela le renforcement du lien ville-hôpital.
Pour mener à bien cette stratégie, « nous avons souhaité mettre en œuvre un ensemble d’actions cohérent, utilisant différents leviers pour espérer avoir un impact réel sur la vie de nos concitoyens, détaille Thierry Breton. C’est en additionnant la force de chacune des mesures que nous pourrons obtenir un résultat et créer un environnement propice au changement. »
La recherche est par ailleurs au cœur des différents axes de la stratégie, qui prévoit notamment de promouvoir les appels à projets de type « High Risk-High Gain ». Ces derniers visent à favoriser « des projets disruptifs et porteurs d’innovation, mais dont la maturité n’est peut-être pas suffisante pour être retenu dans les grands appels à projets », explique le directeur général de l’INCa.
Améliorer le service rendu
La notion d’amélioration du service rendu fait aussi partie intégrante de la feuille de route. « La stratégie est émaillée de cette volonté de changer le quotidien. Ce que nous imaginons doit bénéficier au quotidien de nos concitoyens, professionnels de santé inclus », note Thierry Breton. Cela se traduit notamment par de nouveaux outils informatiques pour, par exemple, faciliter les démarches administratives. Le Pr Ifrah a rappelé l’implication des citoyens dans cette stratégie : « Les attentes de la population ont été mises en évidence par deux consultations citoyennes, en 2018 et en 2020. L’accès à l’innovation et les questions environnementales sont les préoccupations majeures des citoyens. » Et de noter que 10 % des mesures concernent les cancers liés à l’environnement.
En parallèle de cette stratégie, la Commission européenne dévoilait le 3 février dernier le Plan européen pour vaincre le cancer, doté d’un budget de près de quatre milliards d’euros.
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