L’arrêt cardiaque de l’enfant est une situation rare. L’incidence est de l’ordre de 1 pour 100 000 en général, et, selon les études, de 1 à 10 pour 10000 anesthésies en période périopératoire. Au bloc, les facteurs de risque sont l’âge inférieur à 1 an, le score ASA (American Society of Anesthesiologists), supérieur à 3 et l’anesthésie pour chirurgie cardiaque.
La réanimation de l’arrêt cardiaque est un moment clé pour le devenir neurologique. L’European Resuscitation Council a révisé les recommandations en 2015. Il est impératif de respecter un algorithme et une technicité précis. En cas d’arrêt cardiaque hypoxique, les manœuvres de réanimation doivent débuter par cinq insufflations. En absence de récupération, le massage cardiaque externe (MCE) à 100-120 bpm doit être entrepris immédiatement, simultanément à la ventilation (10/min). Si le patient n’est pas intubé, le rythme sera de 15 compressions pour 2 insufflations.
En l’absence de cathéter veineux, un cathéter intra-osseux doit être posé.
En cas d’asystolie ou d’activité électrique sans pouls, de l’adrénaline à 10 µg/kg sera administrée, puis les manœuvres de réanimation reprises pendant deux minutes avant de réévaluer le rythme cardiaque. En absence de reprise d’un rythme perfusant, l’adrénaline est réinjectée toutes les 3 à 5 minutes, et le rythme sera réévalué après deux minutes de réanimation.
Il faut choquer les rythmes défibrillables avec une énergie de 4 J/kg, sans dépasser 150 joules. Le rythme sera réévalué toutes les 2 minutes. L’injection de 10 µg/kg d’adrénaline et de 5 mg/kg de Cordarone est recommandée dans la foulée des 3e et 5e chocs.
Le chronométrage de la réanimation est indispensable pour que soient respectées les étapes de l’algorithme. L’efficacité du MCE dépend de la qualité de la dépression thoracique (1/3 du diamètre antéropostérieur du thorax) et de l’absence d’interruption dans sa réalisation. Le changement régulier de masseur permet de maintenir l’efficacité. Une FiO2 à 1 est recommandée tant qu’un rythme efficace n’est pas rétabli. Ensuite elle doit être adaptée pour maintenir une SpO2 comprise entre 94 et 98 %.
Éliminer les « 4 H » et les « 4 T »
Il est nécessaire d’éliminer les causes réversibles d’arrêt cardiaque rappelées par les « 4 H » et « 4 T » : Hypoxie, Hypovolémie, Hyper/hypokaliémie et désordres métaboliques, Hypothermie ; pneumothorax sous Tension, Tamponnade, Toxique, Thrombose (coronaire ou pulmonaire).
La prise en charge après arrêt cardiaque repose sur le traitement étiologique, la suppléance d’organe et la prévention des agressions cérébrales secondaires d’origine systémique (Acsos). L’hypothermie n’est pas recommandée, même si certains travaux très récents remettent la question sur la table. En cas de mort cérébrale, le don d’organe doit être envisagé.
L’algorithme de prise en charge de l’arrêt cardiaque de l’enfant doit être maîtrisé par tout médecin prenant en charge des enfants. La formation sur mannequin est indispensable. Quant à l’information aux parents en situation de détresse profonde, une formation théorique et par simulation à l’annonce aux proches peut en faciliter et en améliorer la délivrance (lire aussi p. 24).
Le chronométrage de la réanimation est indispensable pour que soient respectées les étapes de l’algorithme
Service d’anesthésie-réanimation pédiatrique de l’hôpital de la Timone (APHM)
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