La piste de l’immunothérapie orale pour désensibiliser les enfants allergiques aux cacahuètes (arachides) semble se confirmer. Une exposition progressive leur permettrait de tolérer des quantités plus importantes sans réaction allergique grave, selon une étude des instituts américains de la santé (NIH).
« Les enfants souffrant d’une allergie aux cacahuètes à seuil élevé [qui peuvent développer une réaction à partir de la moitié d’une cacahuète, NDLR] n’ont pas pu participer aux précédents essais de traitement des allergies alimentaires, ce qui les a laissés sans possibilité d’explorer les options de traitement », explique la Dr Jeanne Marrazzo, directrice du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID). Ce sont ainsi 800 000 enfants américains qui ne disposent que de l’évitement comme option, sans pouvoir réduire complètement le risque d’une exposition accidentelle. Une étude publiée dans le NEJM Evidence leur ouvre des perspectives.
Une consommation de 9 g sans réaction allergique
Au total, 73 d’entre eux, âgés de 4 à 14 ans, ont été inclus dans l’essai : 38 ont été soumis à une immunothérapie orale utilisant du beurre d'arachide mesuré à domicile et 35 ont rejoint le groupe d’évitement des arachides. Les premiers ont été exposés à une dose quotidienne minimale de 1/8 de cuillère à café de beurre de cacahuète. La dose ingérée était augmentée toutes les huit semaines, sous surveillance médicale, jusqu'à 1 cuillère à soupe de beurre d'arachide (ou une quantité équivalente d'un autre produit à base d'arachide, comme de la farine d'arachide ou des bonbons). Un seul enfant a eu besoin d'épinéphrine lors d’une augmentation de dose supervisée.
Après 18 mois, 32 des 38 participants du groupe d'ingestion et 30 des 35 du groupe d'évitement ont été soumis à un test dit de provocation alimentaire. Dans le premier groupe, l’intégralité des enfants a pu consommer l'équivalent de 3 cuillères à soupe de beurre d'arachide (9 grammes), sans réaction allergique. Dans le second groupe, seuls 3 enfants ont pu atteindre une telle dose et 3 autres sont parvenus à tolérer une dose deux fois plus importante que ce qu’ils toléraient au début de l’étude.
Quelques cas de développement d’une tolérance naturelle
Dans une deuxième étape de l’essai, le groupe d’ingestion a été soumis à une nouvelle exposition progressive à des doses croissantes (au moins 2 cuillères à soupe de beurre d'arachide par semaine pendant 16 semaines) avant un évitement complet des arachides pendant huit semaines. À l’issue, 26 des 30 enfants traités (86,7 %) ont continué à tolérer 9 grammes de protéines d'arachide, suggérant une insensibilisation durable à l'arachide. Les 3 enfants du groupe d'évitement capables de 9 grammes sans réaction ont été considérés comme ayant développé une tolérance naturelle à l'arachide.
Dans une analyse en intention de traiter, 68,4 % du groupe d'ingestion ont atteint une insensibilité durable, tandis que seulement 8,6 % du groupe d'évitement ont développé une tolérance naturelle à l'arachide. Si des évaluations à long terme sont nécessaires pour s’assurer d’une efficacité durable de l’immunothérapie orale, les chercheurs envisagent déjà de tester cette stratégie pour d’autres allergènes alimentaires.
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