« Face à la dégradation des politiques de prise en charge de la douleur dans notre pays, accentuée par l’épidémie de la Covid-19, la mise en place d’un nouveau "plan national de lutte contre la douleur" est une priorité », estime la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) qui organise ce 18 octobre un colloque national au ministère de la Santé. En cette journée mondiale de lutte contre la douleur, la SFETD appelle le gouvernement à agir à quelques mois des présidentielles.
La prise en charge de la douleur représente un défi majeur en termes de santé publique alors qu'un Français sur cinq en souffre de façon chronique, rappelle-t-elle. Alors que la douleur peut notamment être à l'origine de handicap, de souffrances psychiques ou encore d'absentéisme professionnel, la SFETD déplore l'absence de plan ou de programme dédié depuis 2012 et la non-reconnaissance du fardeau que représente la douleur pour les patients et la société.
Une situation qui se dégrade
« Malgré des échanges encourageants avec les représentants du gouvernement, rien n’est mis en œuvre pour renforcer la lutte contre la douleur, et la situation sur le terrain se dégrade, regrette la Pr Valéria Martinez, présidente de la SFETD et anesthésiste spécialiste douleur à l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches. Nombre de structures douleurs chroniques (SDC) sont menacées de disparaître. Les délais de prise en charge dans ces centres spécialisés s’allongent, les patients sont toujours plus nombreux et les structures n’ont plus les moyens et ressources pour les prendre en charge. »
La SFETD regrette également que l'annonce du 5e plan national pour le développement des soins palliatifs et l'accompagnement de la fin de vie pour la période 2021-2024 par Olivier Véran n'ait pas été l'occasion d'évoquer la douleur.
22 propositions concrètes
Et alors que la crise sanitaire a fragilisé davantage la prise en charge des patients, la SFETD et 13 autres organisations* rappellent leurs 22 propositions présentées l'année dernière pour faire face aux défis à relever. Ces propositions s'articulent autour de cinq axes : 1. L’amélioration de la reconnaissance sociétale de la douleur ; 2. Le renforcement de la formation des professionnels de santé et des patients ; 3. La pérennisation des structures dédiées à la douleur chronique (SDC) ; 4. L’optimisation du parcours de soins du patient douloureux ; 5. L’amélioration de la prise en charge des publics vulnérables.
Selon Valéria Martinez, « il y a urgence à revoir les stratégies de prise en charge de la douleur, en ville comme à l’hôpital. Il y a urgence à revoir la formation en médecine de la douleur pour les médecins. Il y a urgence à restructurer le parcours de soins et revoir la prise en charge des publics vulnérables ». Et de souligner son inquiétude quant à « la capacité de notre modèle à prendre en charge un nombre toujours plus important de patients ».
Les avancées des différentes propositions sont présentées lors du colloque de ce 18 octobre, introduit par le ministre de la Santé. « J’ai pris connaissance des 22 propositions dont je reconnais toute la pertinence. (...) Je vais faire en sorte que vous soyez reçu rapidement par mon cabinet pour qu’un travail sérieux s’engage afin de les examiner au sein même du ministère », a-t-il avancé. Il a ainsi salué l'engagement de la SEFTD, qui a contribué au système de prise en charge unique de la France, « dont nous pouvons être fiers ».
Pour Olivier Véran, au-delà du négatif, la crise liée au Covid « nous a montré également que nous avions des ressources, que nous savons réagir, nous réorganiser rapidement ». Il estime que « les ressources mobilisées et les solutions trouvées éclairent le chemin d'une évolution qui devient possible et nécessaire », évoquant notamment la démarche d'aller vers ou la télémédecine, qui représentent des enjeux pour les années à venir.
* Association française de lutte antirhumatismale (Aflar), Association francophone pour vaincre les douleurs (AFVD), Association nationale pour la promotion des soins somatiques en santé mentale (ANP3SM), Fédération européenne de la douleur (Efic), Douleurs sans frontières, Fibromyalgie France, Grünenthal, Pédiadol, Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), Société française d'études des migraines et céphalées (SFEMC), Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), Société française de médecine d'urgence (SFMU), Société française de médecine physique et de réadaptation (Sofmer)
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?