Les données sur la toxicité de la e-cigarette sont pour l’instant assez parcellaires mais vont toutes dans le même sens : il existe un certain degré de toxicité de la e-cigarette mais nettement moindre qu’avec le tabac fumé. En attendant les résultats des études dont certains paraîtront cette année, il existe aujourd’hui un vrai débat sur l’hétérogénéité des dispositifs et des e-liquides dans leur contenu (composition chimique, taux de nicotine…). Les associations et les autorités sanitaires des pays européens et nord-américains où les e-cigarettes sont commercialisées exercent une pression sur les fabricants pour qu’ils révèlent la composition précises des e-liquides et qu’ils l’améliorent du point de vue de la toxicité. La directive européenne sur les produits du tabac a proposé de réglementer la e-cigarette comme un médicament. Le Parlement européen s’est opposé à cette réglementation médicale, favorisant une réglementation de produit de consommation courante. La Commission européenne propose maintenant un amendement qui définirait notamment la e-cigarette comme un produit du tabac. « Mais ce n’est pas un produit du tabac, considère le Pr Thierry Chinet, il ne faut d’ailleurs pas que le fumeur qui a décidé de se sevrer en utilisant la e-cigarette soit obligé de rentrer dans un bureau de tabac pour acheter ses recharges. Ce n’est pas un produit pharmaceutique non plus ». La réglementation du médicament impose des coûts importants et défavoriserait la e-cigarette par rapport au tabac, ce qui ralentirait considérablement l’innovation.
Et si la e-cigarette était une porte d’entrée vers le tabagisme ? « Les études dont on dispose actuellement, répond le Pr Chinet, montrent qu’il y a de plus en plus de jeunes qui vapotent. Pour l’instant, nous n’avons pas d’élément précis pour dire c’est une porte d’entrée dans le tabagisme, mais on peut le redouter car le fait de vapoter constitue un geste qui pourrait conduire à renormaliser le tabagisme. Il faut de plus garder à l’esprit que fumer une e-cigarette, c’est forcément introduire un élément toxique dans ses poumons. » Se pose aussi le problème des fabricants de tabac qui se lancent dans le rachat des fabricants de e-cigarettes ; il y a fort à craindre qu’ils aient la tentation d’essayer de rendre la dépendance au e-liquide la plus forte possible afin d’amener les adeptes de la e-cigarette à une dépendance de plus en plus grande à ce produit…
D’après un entretien avec le Pr Thierry Chinet, service de pneumologie, hôpital Ambroise Paré, Boulogne.
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