PARMI LES COMPLICATIONS de la toxicomanie intraveineuse au long cours, le syndrome des mains bouffies, ou « puffy hands syndrom », n’est certes pas la plus grave. Cependant, ce lymphdème des mains, qui est loin d’être rare avec une prévalence estimée entre 7 et 16 %, n’est pas sans conséquences dans la vie de tous les jours. Le retentissement est à la fois fonctionnel, esthétique et surtout psychologique, en raison du caractère stigmatisant de l’atteinte. Certaines mesures simples permettent de le prévenir (asepsie, éviter les injections en sous-cutané dans les mains). Les toxicomanes devraient en être avertis.
Une hépatite C non traitée.
La « Presse Médicale » vient de publier dans son numéro de janvier le cas clinique d’un homme de 37 ans présentant un dème bilatéral des membres supérieurs trois ans auparavant. L’interrogatoire ne retrouve pas d’antécédent notable hormis une hépatite C non traitée. L’état général est bon, la température est à 37°2. L’dème ne prend pas le godet et remonte des mains jusqu’aux avant-bras. Le médecin note quelques excoriations au niveau du dos des mains et surtout deux ulcères de jambe, face antéro-externe, l’un à droite et l’autre à gauche, ainsi qu’un panaris du gros orteil gauche et un léger lymphdème bilatéral. La CRP est subnormale à 12,1 mg/l (N < 10 mg/l). L’échographie-doppler artérielle et veineuse est normale. La lymphoscintigraphie des membres supérieurs montre une hypoplasie des collecteurs lymphatiques avec quelques ganglions axillaires.
Ce n’est que plus tard que le patient avoue sa toxicomanie depuis l’âge de 15 ans, d’abord par injections intraveineuses d’héroïne, de cocaïne puis de buprénorphine. Devant l’épuisement du capital veineux au fil des ans, le patient avait eu recours à la voie sous-cutanée sur des sites multiples (mains, bras, jambes). Lors de l’hospitalisation, l’état du patient s’est amélioré avec un drainage lymphatique quotidien associé à une contention par manchons manuels.
La physiopathologie de ce syndrome n’est pas bien élucidée et plusieurs hypothèses sont avancées. La première est que les produits injectés exerceraient une toxicité directe sur les vaisseaux lymphatiques. La buprénorphine notamment contient de l’amidon de maïs non soluble. Une autre hypothèse serait une mauvaise asepsie et ses complications infectieuses.
Si la toxicomanie est reconnue, le tableau clinique est caractéristique et les diagnostics différentiels rarement plausibles (lymphdème primitif congénital, lymphdèmes secondaires le plus souvent unilatéraux). Le volume du lymphdème peut être diminué de façon notable par des bandages suivis d’une compression élastique, ainsi que par des drainages lymphatiques manuels. Les mesures de prévention consistent à respecter les conseils d’asepsie et à mettre en garde contre les injections sous cutanées au niveau des mains.
Delage et coll. La Presse Médicale, janvier 2009.
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