LES DOULEURS neuropathiques sont décrites comme des douleurs « déclenchées ou causées par une lésion primaire du système nerveux ou un dysfonctionnement. » Elles concernent environ 2 à 3 % de la population générale. Les affections à l’origine de douleurs neuropathiques comportent des problèmes touchant des nerfs ou la moelle épinière. Les polyneuropathies diabétiques, les névralgies post-zostériennes, les radiculopathies cervicales ou lombaires, des neuropathies traumatiques sont sources de ces douleurs.
La gabapentine (un anticonvulsivant) ou la nortriptyline (un antidépresseur) constituent deux traitements de première ligne, qui présentent les profils thérapeutiques les plus favorables. Toutefois, la dose maximale tolérable de ces produits ne permet qu’une réduction de 60 % de l’intensité de la douleur neuropathique et un soulagement chez seulement 40 à 60 % des patients. En résumé, l’efficacité est incomplète et les effets secondaires sont dose-limitants.
Dans l’étude publiée dans le « Lancet », Ian Gilron et coll. (Kingston, Canada) ont comparé l’efficacité et la tolérance de l’association des deux avec chacun des produits pris isolément.
Polyneuropathie ou névralgie post-herpétique.
L’étude randomisée contrôlée a été menée chez 56 patients souffrant de polyneuropathie ou de névralgie post-herpétique. Ils présentaient un score de douleur quotidien à l’échelle de cotation d’au moins 4 sur une échelle d’évaluation cotée de 0 à 10.
Les patients ont été assignés pour recevoir au cours de trois périodes de traitement de six semaines, à doses quotidiennes, de la gabapentine per os, de la nortriptyline et enfin les deux.
Dans cette étude, élaborée selon la méthodologie d’un essai croisé, chaque patient a eu les trois traitements à l’épreuve. Et chacun a représenté son propre témoin.
On a donné des doses les plus proches du maximum tolérable, le critère principal de jugement étant la douleur cotée sur une échelle d’évaluation, à cette dose maximale.
À l’inclusion, la douleur moyenne est de 5,4. À la dose maximale tolérée, les chiffres sont de 3,2 pour la gabapentine, de 2,9 pour la nortriptyline et de 2,3 pour l’association des deux. La bithérapie apporte donc un soulagement de la douleur significativement supérieur. La douleur avec les deux molécules est réduite de 0,9 comparativement à la gabapentine et de 0,6 comparativement à la nortriptyline. Le soulagement se traduit aussi par l’amélioration du sommeil (l’insomnie étant la principale complication de la douleur neuropathique) et de l’humeur (tout au moins en présence de nortriptyline).
À la dose maximale tolérée, l’effet secondaire le plus fréquent est une sécheresse de la bouche, qui est significativement moins fréquente chez les patients sous gabapentine que sous nortriptyline ou avec la combinaison. Il n’y a pas eu d’effets secondaires sérieux.
Des commentateurs de l’étude (Troels Staehlin Jensen et Nanna Brix Finnerup, des neurologues Danois) considèrent que ces résultats peuvent être considérés comme « un pas en avant logique » pour traiter les douleurs neuropathiques.
The Lancet, publié en ligne le 30 septembre 2009.
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