Le vapotage de substances psychoactives (hors nicotine), en particulier, de cannabinoïdes de synthèse, présente des risques pour la santé, alerte l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Elle déplore une sous-estimation des dangers, alors que les signalements d’effets indésirables augmentent depuis 2021 et qu’en 2024 de nouveaux cas d’intoxications ont été rapportés chez des adolescents ayant dû être hospitalisés.
Le vapotage de substances psychoactives, promu sur les réseaux sociaux, est de plus en plus prisé notamment par les adolescents. Ces e-liquides, comme le PTC (« pète ton crâne »), ou Buddha Blue, qui imitent l’effet du cannabis, avec une puissance supérieure, sont obtenus par Internet, dans la rue ou par relations. « Le mode de consommation par vapotage ne réduit pas les risques liés à l’usage de ces produits illicites. Il peut au contraire les augmenter, l’action des produits étant plus rapide », signale l’ANSM dans un communiqué publié ce 6 février.
Complications neurologiques, psychiatriques, cardiovasculaires, digestives, rénales…
Ces substances sont interdites (classées stupéfiants) et présentent des risques graves pour la santé, rappelle l’ANSM. Leur vapotage peut entraîner des complications neurologiques (coma, convulsions), cardiovasculaires (tachycardie, douleur thoracique), digestives (nausées, vomissements, douleurs abdominales), rénales ; des complications psychiatriques (troubles du comportement, hallucinations, idées suicidaires, attaque de panique) ; des troubles de l’usage avec abus, dépendance ou symptômes de sevrage après usage répété ; mais aussi malaises, amnésies, pertes de connaissance voire convulsions. Les effets peuvent varier en fonction du ou des produits (et de leur dosage) contenus dans le e-liquide, est-il précisé. Les cannabinoïdes de synthèse sont parfois associés à d’autres substances telles que des benzodiazépines de synthèse.
Attention aussi aux mélanges DIY (do-it-yourself), dangereux car ils entraînent un risque plus élevé de surdosage de cannabinoïdes et d’interaction entre les substances.
Face à une suspicion d’intoxication ou de dépendance aux substances psychoactives, l’ANSM recommande aux médecins d’orienter le patient vers une prise en charge addictologique adaptée, notamment via l’équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa) en cas d’hospitalisation. Ils peuvent aussi contacter le CEIP-A* ou le centre antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) de leur région pour plus d’informations.
Si un patient présente les signes d’une intoxication aiguë aux substances psychoactives, il doit être orienté vers les urgences où un prélèvement biologique conservatoire (sang, urines) doit être réalisé, pour servir ultérieurement pour la recherche de toxiques. La détection des cannabinoïdes de synthèse est complexe et nécessite des analyses par les laboratoires spécialisés : ces molécules ne sont en effet pas identifiées par les tests immunochimiques de dépistage rapide pour le cannabis.
* Centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance
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