Un an après l’interdiction de fumer dans les lieux publics

Des bénéfices sur la vasomotricité artérielle

Publié le 20/01/2009
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UN AN APRÈS l’application du décret, les bénéfices cardio-vasculaires de l’interdiction de fumer dans les lieux publics sont montrés aux États-Unis comme en Europe. En France l’étude DILATER fait cette démonstration chez salariés non-fumeurs, antérieurement exposés à la fumée sur leur lieu de travail.

L’exposition passive à la fumée de tabac a des effets de 80 à 90 % aussi importants que lorsqu’elle est directement inhalée par les fumeurs. En temps réel et pour des expositions faibles, elle agit sur les 3 éléments starters de l’infarctus : la dysfonction endothéliale, l’activation plaquettaire et l’inflammation. Il existe une augmentation du risque de thrombose et de spasme coronaire. L’étude DILATER a été menée à Toulouse afin d’analyser l’effet de l’arrêt de l’imprégnation tabagique sur le lieu de travail des salariés concernés sur l’un de ces mécanismes, la vasomotricité artérielle. Vingt-trois salariés de cafés, restaurants, brasseries ou discothèques non-fumeurs et non exposés à domicile ont été évalués en décembre et en avril 2008. Les résultats ont été comparés à ceux d’une population témoin non fumeuse et non exposée au tabagisme passif.

Lors de la première évaluation, les 23 salariés présentaient une altération significative de leur fonction endothéliale, constatée par un examen testant la capacité de leurs artères à se dilater, mesurée par échographie Doppler artérielle (Flow Mediated Dilation, FMD). La capacité de dilatation artérielle était réduite. Lors de la seconde évaluation, 4 mois après l’entrée en vigueur du décret, la fonction endothéliale des salariés était redevenue normale. Celle de la population témoin ne s’est pas modifiée.

Les bénéfices cardio-vasculaires de l’arrêt du tabagisme passif sont montrés. Sept études ont été réalisées, qui font état d’une très nette réduction des hospitalisations pour infarctus du myocarde. Aux États-Unis, cette réduction est de 40 % dans une petite étude menée dans la ville d’Helena dans les six mois suivant l’application de la loi ; elle est de 27 % dans le Comté de Pueblo, dix-huit mois après le décret et de 8 % dans l’État de New York. En Italie, qui a une législation très proche de celle de la France, la réduction des admissions pour infarctus est de 11 % chez les sujets de moins de 60 ans et de 25 % chez les femmes dans ce groupe d’âge. En Écosse et en Irlande, on rapporte des réductions respectivement de 17 % et de 14,5 %.

Communication du Pr Daniel Thomas (hôpital de la Pitié-Salpêtrière) aux 19ès Journées européennes de la Société française de cardiologie.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr