Responsables de 20 % des causes de mortalité et 50 % des faits de délinquance, les addictions sont un enjeu majeur pour la santé publique. Trop souvent qualifiées de « banal » auprès des jeunes, ces addictions ne se limitent plus seulement à l’alcool ou à l’héroïne mais incluent le binge-drinking, les produits de synthèse, les conduites addictives dans les entreprises et les addictions sans produits (jeux d’argent, Internet ou les achats compulsifs).
Si la mesure des dommages progresse, les réponses proposées, adaptées, sont insuffisantes. « Action Addiction », un fonds de dotation, censé préfigurer une fondation reconnue d’utilité publique, se veut être l’une des réponses. « Nous sommes aujourd’hui engagés dans une course contre la montre : d’un côté les conduites à risques (alcool, cannabis…) explosent littéralement, conduisant chacun de nous à s’y trouver confronté directement ou indirectement tôt ou tard ; de l’autre, l’addictologie progresse à grands pas, ouvrant de nouveaux champs à la prévention et à la réduction des dommages liés aux addictions », explique le Pr Michel Reynaud, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Paris Sud, qui a imaginé le projet et qui en assure la présidence.
Réunir, comprendre et innover, slogan du fonds
Le fonds propose une approche novatrice dans la réduction des dommages liés à l’addiction en réunissant pour la première fois tous les acteurs de la thématique dans une dynamique participative : les professionnels de santé, les patients, les familles, les victimes, les associations, les scientifiques. « Un progrès qui fait notre force », souligne le Pr Michel Reynaud.
Mieux comprendre les phénomènes d’addiction, bâtir de nouveaux savoirs et innover en mettant en œuvre de nouveaux projets, seront les piliers du projet. « Actions Addictions » a déjà reçu l’engagement de 32 associations, structures de soins et de 13 unités de recherche et le soutien financier du groupe la Poste, du groupe Edmond de Rothschild, de Lundbeck, de la Française des jeux (FDJ), du Groupe Sinoué et RB pharmaceutical. « Les laboratoires, même s’ils sont des acteurs majeurs, participeront pour une part inférieure au quart du financement total, cette part est évaluée à moins de 50 000 euros », indique Patrick Werner, trésorier du fonds. Le budget du fonds est, lui, de 500 000 euros.
« Récupérer des financements même pour une bonne cause est compliqué. Autant il n’y a pas de problème à travailler avec les laboratoires ou la FDJ qui soutiennent des actions de recherche ou de prévention autant nous ne ferons pas appel à l’argent provenant des industriels du tabac et de l’alcool », précise le Pr Reynaud.
Le fonds envisage plusieurs projets dans les prochaines années, notamment, l’utilisation des cellules souches iPS en recherche fondamentale pour mieux comprendre les mécanismes addictifs. D’autres projets comme le MOOC en addictologie - cours accessibles sur Internet à tous -, a déjà obtenu un financement. Enfin la création d’un portail « village addiction » pour fédérer les sites de tous les acteurs afin d’orienter le public, de déployer une action pédagogique et de nourrir le lien social et la solidarité. D’autres projets suivront, ils seront sélectionnés dans le cadre d’appel d’offres soumis à des critères rigoureux évalués par le comité scientifique et éthique d’Actions Addictions.
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