Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S

URPS 2021 : « Un C à 50 euros ne coûterait pas plus cher à la nation »

Publié le 04/03/2021
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L'UFML-S ambitionne de s'imposer aux élections professionnelles, auxquelles elle se présente pour la première fois. Pour renforcer « l'indépendance » de la profession, son président souhaite revoir en profondeur le paritarisme et en finir avec la tutelle de l'État. Opposé à la Rosp, le médecin généraliste de Fronton plaide en faveur d'un C à 50 euros. Explications.

Crédit photo : Aude Frapin

L’UFML-S participe pour la première fois aux URPS. Quels sont vos objectifs ?
Dr Jérôme Marty : De bien figurer partout où on est présents ! (Rires…) Cela veut dire arriver dans les deux premiers, si ce n’est les premiers, dans toutes les régions où nous présentons une liste (le syndicat est représenté dans toutes les régions de la métropole et à La Réunion, ndlr).

Vous êtes très critique à l’égard du système conventionnel. Si votre syndicat devenait représentatif, seriez-vous prêts à participer aux négociations avec l’Assurance maladie ?
Dr J. M. : L’UFML-S est conventionniste ! Nous sommes prêts à participer aux négociations, à proposer et à construire tout en gardant notre capacité à dire non. Nous n’accepterons pas que le ministère de la Santé définisse lui-même le périmètre des négociations conventionnelles. Celui qui tient le stéthoscope et a la responsabilité du patient, c’est le médecin. C’est à lui de signifier au ministère, en parité, quelles sont les urgences sur lesquelles il faut légiférer. Au fil des années, le paritarisme s’est effondré et nous sommes passés à un système vertical. Il y a un donneur d’ordres, l’État, et l’Assurance maladie qui, par le biais de la loi santé de Marisol Touraine, fait appliquer les décisions. Les médecins, eux, subissent. Il faut aujourd’hui en finir avec ce concept de tutelle.

Vous défendez un C à 50 euros, soit deux fois le montant actuel. Comment comptez-vous le financer ?
Dr J. M. : Nous défendons plus que cela. Nous voulons un C à 50 euros avec des honoraires complémentaires pour tous et la fin des secteurs d’exercice. Il y aurait un secteur 2 avec des tarifs sociaux aux honoraires fixes pour les patients CMU, CMU-C, ACS, AME. Nous comptons financer cette évolution par une médecine de qualité. Aujourd’hui, notre médecine ne l’est pas et elle coûte cher car les médecins sont dépassés et sous pression face à la demande de soins à laquelle ils ne peuvent pas faire face. Au final, les patients ne sont pas pris en charge correctement. Un C à 50 euros permettrait à un médecin de rester 30, 40 voire 50 minutes avec son patient. Ça ne coûterait pas plus cher à la nation. Une médecine de meilleure qualité est forcément moins coûteuse.

Les forfaits n’ont donc pas de place dans la rémunération des médecins ?
Dr J. M. : Il peut y avoir d’autres modes de rémunération mais le paiement à l’acte doit rester majoritaire et être porté à la moyenne européenne. Les forfaits renforcent la tutelle, ce que nous ne voulons pas. C’est pour cela que nous sommes opposés à la Rosp. Le paiement à l’acte reste une garantie d’indépendance.

Vous proposez de déconnecter les rémunérations des médecins de l’évolution des dépenses de santé (Ondam). Pourquoi est-ce important pour vous ?
Dr J. M. : En France, avec l’Ondam, les professionnels de la santé sont les moins bien payés de l’Union européenne. Les généralistes ont un tarif de base à 25 euros. Au sein de l’UE, seul Malte est derrière ! Nous avons perdu tout sens des réalités à cause d’une problématique économique. La Sécurité sociale est en déficit mais ce n’est pas aux médecins de payer les erreurs répétées des précédents gouvernements. Il n’est plus possible que des aides soignantes en gériatrie soient payées le Smic. Quand on regarde le système de santé français, ce n’est pas l’acte qui coûte cher à la Sécu, c’est le transport, l’hospitalisation, l’arrêt de travail… C’est là que des économies peuvent être faites. Il faut relever le pays pour qu’il y ait moins de chômeurs et de pauvreté, mais ça, c’est le problème des politiques, pas des médecins.

Comment allez-vous mener campagne en cette période troublée par la crise sanitaire ?
Dr J. M. : Pour le moment, nous avons mis en place des réunions Zoom. Nous en organisons une tous les soirs, région par région et cinq jours sur sept. Nous nous adressons également aux médecins par mail et par SMS et nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux. Toutefois, cette élection 100 % numérique ressemble à un bêtatest et cela me pose question. L’enjeu majeur de ce scrutin va être la participation. Si celle-ci est trop faible, la profession risque d’être fragilisée.

Propos recueillis par Aude Frapin

Source : lequotidiendumedecin.fr