L'infographie tient sur une page mais elle pourrait servir de base à une future convention (voir ci-dessous). MG France, qui présentera des listes dans les 17 régions de l'Hexagone, entend s'appuyer sur cette profession de foi dont Le Généraliste dévoile les grandes lignes en exclusivité, pour tenter de s'imposer lors du scrutin des élections professionnelles qui se tiendra par voie électronique du 30 mars au 7 avril prochain. La publication de ce programme donne le coup d'envoi de la campagne aux URPS pour le syndicat de généralistes, qui ambitionne de « conforter sa place de leader » acquise lors du scrutin de 2015. MG France était alors arrivé en tête au niveau national avec 31,3 % des voix dans le collège généraliste devant la FMF (27,6 %), la CSMF (20,3 %) et le SML (16,5 %).
D'abord, revaloriser les revenus
Pour gagner les suffrages des médecins de famille, le syndicat mise tout d'abord sur une meilleure rémunération de la profession « à hauteur de ses missions ». « Si la convention de 2016 avait permis de premières avancées en la matière, nous réclamons l'équité de rémunération entre la médecine générale et les autres spécialités, commente le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Le revenu moyen d'un médecin généraliste doit être équivalent au revenu moyen des médecins des autres spécialités. Soit 20 à 30 % de plus qu'aujourd'hui. »
S'il revendique un tarif de base de la consultation à 30 euros à l'instar de la CMSF, qui a présenté son programme la semaine dernière, le syndicat se démarque en étant favorable à une place conséquente des forfaits. « Nous défendons les forfaits car ils sécurisent l'exercice, explique le Dr Battistoni. Il permet de rémunérer le temps de travail (coordination, tenue de dossier, rédaction de document...). Dans la période actuelle, ce socle de rémunération indépendant de l'activité, garantit une trésorerie aux médecins et sécurise leur exercice. »
Dans ce cadre, le syndicat propose de « recycler la Rosp », de majorer le forfait structure pour permettre l'emploi d'un assistant médical et de porter à la hausse les principaux forfaits du médecin traitant. Ainsi invite-t-il à porter le forfait annuel de suivi des patients ALD à 50 euros (80 euros au-dessus de 80 ans) et à créer un forfait annuel de 50 euros pour le suivi des patients de plus de 80 ans.
Un seul niveau de consultations complexes
Observant la trop grande complexité de l'actuelle nomenclature, de trop nombreuses majorations n'étant aujourd'hui pas appliquées car méconnues, MG France réclame une simplification. L'une des principales évolutions envisagée est la création d'un seul niveau de consultations complexes, au lieu de deux actuellement, dont le montant serait fixé à 60 euros.
« Les médecins généralistes peinent à s'emparer de l'ensemble des cotations, observe le Dr Battistoni. Cette complexité n'est pas logique et doit être modifiée au profit d'une nomenclature plus simple dans laquelle les médecins se retrouvent. »
Et tandis que le gouvernement veut davantage impliquer les généralistes dans les soins non urgents pour limiter le recours aux urgences, le syndicat demande que les soins non programmés régulés bénéficient d'une majoration incitative de 15 euros (comme cela est expérimenté dans le Grand Est).
En faveur d'un forfait national unique pour les astreintes
Autre angle saillant du programme, MG France souhaite que toutes les visites du médecin généraliste traitant soient considérées comme des visites longues (60 euros) et bénéficient d'une majoration de déplacement majorée (de 10 à 20 euros), ce qui porterait ainsi la visite à 80 euros (contre 35 euros aujourd'hui). « Toutes les visites sont complexes, argumente le Dr Battistoni. On ne peut pas blâmer les médecins de faire moins de visites car ces actes demandent du temps et sont rémunérés 35 euros, un tarif de misère. La visite est à la fois une priorité pour les médecins généralistes mais aussi pour le maintien à domicile des personnes âgées », explique le patron de MG France. Pas sûr que le patron de l'Assurance maladie, qui a mis en pause les négociations conventionnelles sur la revalorisation de la visite notamment, voit les choses du même œil.
Afin de renforcer l'engagement des médecins généralistes dans la permanence des soins (qui s'est érodée ces dernières années), le syndicat demande que les revenus liés à la PDSA soient entièrement défiscalisés et plaide pour que le forfait d'astreinte soit porté à 100 euros pour 4 heures et soit le même sur l'ensemble du territoire, apportant ainsi plus de lisibilité.
À côté de cet important volet consacré à la rémunération, MG France propose un volet de mesures visant à simplifier l'exercice et améliorer la qualité de vie au travail. Il défend toujours l'extension des horaires de garde au samedi matin (et donc des tarifs appliqués). Et afin d'augmenter le temps d'exercice médical, le syndicat réclame que chaque médecin qui le souhaite puisse bénéficier de l'aide de l'Assurance maladie pour recruter un assistant médical à temps plein sans engagement à augmenter son activité.
« Nous voulons moderniser l'exercice au quotidien du médecin généraliste. Il doit pouvoir bénéficier du meilleur environnement, ne pas travailler seul, être déchargé de tâches administratives, il faut rendre plus accessibles les assistants médicaux », analyse Jacques Battistoni.
Afin d'améliorer les relations avec les CPAM, MG France souhaiterait par ailleurs que les généralistes puissent avoir un accès direct au médecin-conseil de l'Assurance maladie (via une messagerie sécurisée ou un numéro dédié).
Et pour renforcer l'attractivité de la profession et sécuriser la première année d'exercice, le syndicat demande la création d'un forfait de primo-installation pour tous les généralistes qui s'installeraient afin de compenser l'absence de rémunération forfaitaire.
Alors que les règles devraient évoluer dans les prochains mois autour de la prise en charge de la maladie des médecins libéraux, MG France demande des IJ proportionnelles aux revenus sans délai de carence. De même réclame-t-il pour les médecins retraités actifs que chaque euro cotisé ouvre les mêmes droits.
Si ce programme électoral peut sembler économiquement difficilement tenable, il pose des « objectifs cibles » aux partenaires conventionnels pour les prochaines négociations et des perspectives de revalorisation susceptibles de rendre plus attractif l'exercice de la médecine générale en libéral, veut croire le Dr Battistoni.
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