Mais face à l’hôpital public éclairé et debout jour et nuit, ses paupières vont-elles pour autant amorcer un état de réveil ? C’est difficile à dire. Une petite lueur apparut tout de même le 12 mars quand Emmanuel Macron s’adressa à la France. Comme souvent, un discours marque par son ton, son début et sa fin. Passons sur le début : qualifiant de « héros » les soignants, il aura reconnu la fibre sacrificielle dont ils ont hérité de l’Histoire – on n’en demandait pas tant, mais c’est attentionné, notons. Mais à la fin surtout, en l’entendant s’interroger sur « les failles du modèle de développement [de] notre monde », plus loin dire que « la santé gratuite sans condition de revenus [était un] bien précieux » et « qu’il était des biens […] qui devaient être placés en dehors des lois du marché », nous fûmes abasourdis et réjouis à la fois. Démonter en trois phrases le néolibéralisme était si inespéré que c’était à n’y pas croire. Quant au ton empruntant celui d’un chef incitant au ressaut de la nation en temps de guerre (mot qu’il prononcera d’ailleurs plusieurs fois le 16 mars) – et insérant au passage un « quoi qu’il en coûte » assez peu rassurant –, admettons qu’il était paniqué mais fut parfois touchant. Voilà pour l’impression, forcément subjective. Mais, sincère, sera-t-il audacieux ?
* Ed. Gallimard, collection trac de crise. Voir son entretien paru mi-janvier sur notre site.
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