Les patrons des administrations centrales sont le plus souvent sans histoire. Ce n’est pas exactement le cas pour Jérôme Salomon âgé de 48 ans à la tête de la Direction générale de la santé. Enfant, il doit se construire son fil(s) généalogique avec le tissu décousu d’une mémoire personnelle secouée par le drame de la Shoah et de l’affaire Dreyfus. « J’ai pu ainsi entendre comment le 4 juin 1908, lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon, on a tiré sur le capitaine Dreyfus. Le plus terrible c’est que le tireur lors de son procès a été acquitté. » Cette mémoire familiale est aussi habitée par le souvenir de grands savants. Le Dr Pierre-Paul Lévy est l’un des découvreurs du vaccin contre la diphtérie. Le chercheur loin d’être seulement niché dans les replis du souvenir est aujourd’hui présent dans le bureau du directeur de la DGS. Dans une vitrine, on y trouve une ordonnance rédigée d’une belle écriture et qui a donc traversé le siècle. La santé publique, la prévention, auront donc été au cœur de l’engagement professionnel de génération en génération. Pour autant, le choix de la santé publique n’aura pas été guidé que par des raisons familiales. Jeune médecin, il arrive à la DGS repéré par son patron. Jérôme Salomon est alors chargé d’une synthèse sur des pathologies peu connues, les maladies à prion. Grandeur et misère de la santé publique. Cette maladie émergente incarnait alors une menace redoutable prête à déferler sur le monde. Cassandre cette fois-là s’était trompée. Plus tard, Jérôme Salomon intègre la dream team de Bernard Kouchner. Le livre du dircab de l’époque, Didier Tabuteau, siège aujourd’hui dans le bureau du Pr Salomon. La fidélité est une valeur qui se cultive au quotidien. Ce sera ensuite un long passage à l’Institut Pasteur avec son réseau inégalé et peu connu d’instituts installés en Afrique et en Asie. Autant d’expériences pour occuper un poste exposé à tous les vents, où la gestion de crise ne relève pas de l’exceptionnel. « C’est aujourd’hui une tour de contrôle », commente Jérôme Salomon. Le regard, loin de vouloir séduire, ne fixe pas toujours son interlocuteur. Comme s’il s’envolait plutôt vers toutes missions extérieures avec ce cap mis sur la prévention. Réduction drastique du nombre de conseillers ministériels oblige, le patron de la DGS siège désormais à de nombreuses réunions organisées par le Premier ministre. Le petit garçon qui a fait du théâtre pour se guérir de sa timidité, le jeune lycéen de la section musique-études qui a longtemps hésité sur son avenir professionnel est-il satisfait du chemin parcouru ? Lorsqu’on l’interroge sur les livres qui l’ont marqué, le Pr Salomon cite l’air de rien le Roi Mathias 1, le roman de Janusz Korczak, le pédiatre qui a accompagné les enfants de son orphelinat jusque dans les camps de la mort en 1942, l’inventeur du concept de la convention internationale des droits de l’enfant. Brave-t-il aujourd’hui l’interdiction en guise de préface du livre ? « Les adultes ne devraient pas lire mon livre ; il y a là des chapitres inconvenants, ils ne les comprendraient pas et ils s’en moqueraient. Mais s’ils tiennent absolument à le lire, qu’ils essaient. Le leur interdire ne servirait de toute façon à rien. Ils n’obéiraient pas ! » Dont acte…
Brève
Jérôme Salomon. Mémoire sauvegardée
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Publié le 26/04/2018
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Jérôme Salomon
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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