Le printemps promettait d'être doux. Il a été assassin. Et s'est muté en hiver pour la santé publique. Comme la cigale de la fable, les Français se sont trouvés démunis, en masques, en tests et en lits de réanimation. Et comme dans le conte, l'État fort, démiurge, arrogant s'est trouvé nu au regard et au su de tous. En quelques jours, la comédie du pouvoir se transforme en tragédie. La mort frappe. Les vieux sont désespérément seuls, encore plus seuls leur dernier jour. La peur saisit le politique qui en oublie tous ses règles, ses principes encore sacrés la veille. Mais comme avec le fameux « nous n'avons jamais été aussi libres que durant l'occupation » de Sartre, la catastrophe du moment n'autorise plus les compromis, Elle exige des choix clairs. Ce temps assassin, du confinement célèbre donc le retour aux vraies valeurs, celle de la solidarité bien sûr, de la vie sur les profits. Un directeur d'ARS qui n'avait pas compris le changement d'époque en a fait immédiatement les frais. L'épreuve inverse même les hiérarchies les plus établies avec la célébration des sans-grade qui portaient depuis longtemps sur leurs épaules les premiers de cordée. Quant à l'hôpital, on le savait malade, en souffrance, miné par l'austérité budgétaire. Non seulement il a surmonté l'état de choc de l'épidémie. Mais sa résilience au plus fort de la crise a déplacé les montagnes de la division entre les métiers et même entre public et privé après un début difficile. L'hôpital a au final tenu juste avant la rupture. La comparaison avec l'Allemagne a été d'autant plus douloureuse avec ses 25 000 lits de réanimation pour un quasi même taux de PIB consacré à la santé. Alors pour s'accorder un moment de répit, chaque soir les Français se sont offert un moment de spectacle. Cendrillon, la belle soignante, à 20 heures se transformait en héroïne, applaudie, célébrée, aimée. Mais cette célébration quotidienne sera-t-elle oubliée dès l'été venu ? Que se passera-t-il après minuit, lorsque la crise économique aura effacé dans les mémoires le drame sanitaire ? Quel sera le monde d'après ? Les belles promesses s'évanouiront-elles en citrouille as usual ? Pour le secteur de la santé, la construction du PLFSS 2021 sera l'épreuve de vérité. Bercy sifflera-t-il à ce moment la fin de la représentation, des beaux discours et le retour aux règles comptables ? Osera-t-on organiser un Ségur de la santé et mettre chacun devant ses responsabilités en oubliant pour une fois les corporatismes face à l'évènement historique. Espérons que cette terrible épreuve en vérité n'ait pas été qu'un simple entracte...
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Publié le 04/05/2020
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Covid-19
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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