1 000 CPTS D’ICI À 2022
Agnès Buzyn : « Nous avons prévu de mieux organiser la coopération au niveau des soins de ville en créant 1 000 communautés professionnelles territoriales de sante (CPTS) a l’echeance de quatre ans. Nous allons investir et aider les professionnels à constituer des reseaux afin qu’ils repondent aux besoins de sante sur leur territoire. Les conditions financieres seront determinees par une negociation conventionnelle pour que les professionnels aient un interet a se structurer. En contrepartie, ils auront a respecter un cahier des charges. Les CPTS devront garantir l’acces de tous les Francais a un medecin traitant, la reponse aux soins non programmes entre 8 h et 20 h... Elles devront aussi favoriser le maintien à domicile des personnes agees, garantir l’acces a une consultation specialisee dans des delais raisonnables, participer a des missions de prévention et de dépistage pour la population du territoire. »
> Coordination La réorganisation des soins de ville est le volet le plus dense de la réforme. En créant ces 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) à l’horizon 2022, le gouvernement table sur une responsabilisation collective. Il se dit prêt à apporter aux CPTS une aide financière si elles améliorent l’accès aux soins et permettent à tous les Français d’avoir un médecin traitant et une prise en charge des soins non programmés de 8 h à 20 h – Emmanuel Macron aurait souhaité que des médecins libéraux organisés puissent intervenir jusqu’à 22 h...
Pour financer et faire décoller ces structures issues de la loi Touraine – seules 200 ont été créées – le gouvernement mise sur un accord conventionnel de type ACI, calqué sur celui des maisons de santé. « Nous allons aider sur dix ans toutes les CPTS qui se créeront dans les 18 mois à venir », a annoncé Emmanuel Macron.
OBJECTIF 4 000 ASSISTANTS
Agnès Buzyn : « Nous devons dégager du temps medical aux medecins. Nous prevoyons de financer 4 000 postes d’assistants sur le quinquennat pour les médecins qui s’engagent dans un exercice collectif. L’objectif est de les decharger de tâches chronophages qui n’ont pas de valeur ajoutee : tenue du dossier, prise de poids, de temperature... Les assistants partiellement financés par l’Assurance maladie vont décharger à peu pres de 15 % du temps medical, ce qui permettra aux professionnels de prendre plus de patientele. La strategie de deploiement de cette mesure sera arretee apres concertation avec les representants des professionnels de sante avant la fin de l’annee. Nous proposons d’accroitre la delegation de taches. Le suivi de certaines pathologies chroniques pourrait être délégué à des professionnels paramedicaux. Je pense a la vaccination par les pharmaciens, par exemple, qui a vocation a se deployer. »
> Renfort Ces 4 000 postes d’assistants médicaux verront le jour d’ici à 2022. Les premiers seront recrutés dès 2019 dans les zones sous-denses. Le Président n’a pas exclu d’en former plus si besoin. Là encore, le plan reste flou sur les conditions de financement, de formation, de responsabilité de ces assistants. Elles seront déterminées par accord conventionnel avec l’Assurance maladie.
Les assistants auront pour mission d'accueillir les patients et de gérer l’aval de la consultation : pré-remplissage de documents administratifs, prise de rendez-vous avec des médecins spécialistes, admission en établissement hospitalier. Ils pourront aussi recueillir des données et des constantes, vérifier si les vaccins et les dépistages sont à jour ou contrôler la tenue du dossier médical.
DES GÉNÉRALISTES DANS LES HÔPITAUX DE PROXIMITÉ
Agnès Buzyn : « Les generalistes pourraient avoir une part de leur activite dans ces 500 a 600 hopitaux de proximite que nous labelliserons. Ces établissements vont se recentrer sur les besoins de premier recours sur le territoire (médecine polyvalente, geriatrique, SSR, equipes mobiles...) qui disposeront d’un plateau technique (biologie, radiologie). Nous voulons que ces hopitaux locaux travaillent en symbiose avec les medecins du territoire pour developper des projets de sante. Mais aussi que ces praticiens puissent avoir une activité au sein de ces hopitaux de proximite. C’est deja le cas pour quelques-uns. Il y a une appetence des jeunes medecins pour l’exercice mixte. Dans beaucoup de pays, il n’y a pas une telle dichotomie entre la médecine générale libérale et la médecine hospitaliere de premier recours. »
> Exercice mixte Le ministère va revoir la carte hospitalière. Les CHU resteront les établissements de référence pour les prises en charge ultra-spécialisées mais 500 à 600 hôpitaux de proximité seront "labellisés" par une loi en 2019. Des consultations avancées de spécialistes pourront y être réalisées avec le support des établissements voisins, de même que des actes de télémédecine.
Ces hôpitaux de proximité doivent contribuer à un meilleur accès aux soins dans les territoires en permettant aux patients de rester près de leur domicile.
Dans ce cadre, le ministère souhaite lever la frontière entre la ville et l'hôpital et faciliter l’exercice mixte pour que les médecins de ville puissent avoir une activité dans ces hôpitaux de proximité. Par ailleurs, 400 postes de médecins généralistes salariés seront créés dans des centres hospitaliers de proximité ou des centres de santé implantés dans les déserts médicaux « pour permettre aux patients d’accéder à une consultation généraliste ».
UN CARNET DE SANTÉ NUMÉRIQUE POUR TOUS LES FRANÇAIS
Agnès Buzyn : « Le DMP (dossier medical partagé) a été repris en main par l’Assurance maladie et il sera deploye debut novembre. Il a mis un temps fou a se concretiser, mais il est pret. Avec l’espace numerique de sante, tous les Francais auront une forme de carnet de sante numerique, rassemblant le carnet de vaccination, le DMP et l’acces a une prise de rendez-vous electronique. Avec le numerique, nous allons simplifier l’acces des Francais aux soins et a leurs donnees de sante. »
> Tous connectés 500 millions d’euros seront alloués à la transformation numérique du système de santé. Celle-ci commencera dès novembre 2018, avec le déploiement du DMP à l’échelle nationale.
Sauf refus explicite de sa part, chaque Français disposera d’ici à 2022 d’un espace numérique personnel de santé. Il permettra à l’usager d’identifier l’offre de soins aux alentours et de prendre rendez-vous directement en ligne. La généralisation de la prise de rendez-vous sur Internet doit permettre aux médecins de dégager du temps médical, grâce à une meilleure gestion des consultations.
Ce carnet de santé numérique centralisera toutes les données de santé d’un patient. Lequel aura ainsi accès à toutes ses prescriptions – lesquelles devraient être dématérialisées d’ici à 2022, comme le souhaite le ministère –, compte rendus d’hospitalisation, résultats d’examen ou documents déposés dans son DMP.
BIG BANG SUR LES ÉTUDES : LA FIN DU NUMERUS CLAUSUS ET DES ECNi
Agnès Buzyn : « Nous n’avons pas pris cette mesure, qui aura des effets d’ici 10 ans, uniquement pour lutter contre les deserts medicaux. L’enjeu est d’arrêter ce gâchis humain insupportable avec trop d’etudiants brillants mis en echec. La PACES recrute des futurs medecins sur du bachotage. Cela entraine un profond mal-etre des etudiants, des depressions, des suicides, des arrets d’etudes. La medecine est en train de changer et nous avons besoin de diversifier le recrutement des medecins dont le profil est aujourd’hui trop standardise. (...) L’examen national classant est denue de sens puisque les jeunes peuvent devenir medecin en ayant 0. C’est insupportable. Dorenavant, il y aura un examen en 5e annee. Les candidats devront avoir 10/20 pour devenir medecin. Une partie de l’évaluation se fera tout au long des stages sur la clinique. Une autre sera liee a l’engagement des étudiants dans certaines activités (humanitaire, service sanitaire allonge, reconversion d’autres professions de santé) pour récompenser les parcours individuels. »
> Table rase Terminé le fameux concours de première année de médecine. Dès 2020, le numerus clausus va disparaître, ainsi que l’actuelle PACES. Les critères d’évaluation actuels, basés sur les QCM jugés trop théoriques et scolaires, vont être revus. Un nombre plancher de places devrait être instauré à l’issue de la 1re année, ainsi qu’une sélection à la fin de la 3e année, nous a confié Agnès Buzyn. L’objectif est également de créer davantage de passerelles entrantes et sortantes aux études de médecine, aujourd’hui trop cloisonnantes. Des étudiants en licence pourront par exemple rejoindre le cursus de médecine en 2e, 3e ou 4e année. Une concertation sera menée entre Agnès Buzyn, Frédérique Vidal et les étudiants afin d’accoucher d’une loi en 2020.
Exit aussi le concours de fin de 6e année. Les épreuves classantes nationales informatisées (ECNi), préalables au choix de la spécialité d’internat, seront supprimées à partir de 2019 pour les étudiants qui rentreront en deuxième cycle. Le nombre de postes d’internat sera déterminé selon les besoins et capacités de formation et les spécialités attribuées selon une évaluation qui portera aussi sur les compétences cliniques et le projet professionnel des étudiants.
La prévention occupera une place de choix dans la formation des futurs médecins, notamment au travers du service sanitaire obligatoire pour tous. Chaque interne en médecine générale devra désormais réaliser un stage dans le domaine de la santé mentale.
PERTINENCE ET PARCOURS
Agnès Buzyn : « Nous allons demander aux professionnels de santé d’écrire des parcours standards pour des pathologies, ce qui devrait permettre a chaque acteur de savoir quelle est sa place dans la prise en charge. Deux seront rediges en 2019 sur l’insuffisance cardiaque et l’osteoporose. Ces parcours beneficieront de tarifs a l’hopital et nous développerons des indicateurs de qualité remplis par les malades eux-memes, comme cela se fait deja dans beaucoup de pays. »
> Forfait Le gouvernement veut réduire les actes « inutiles » et limiter la tarification à l’activité (T2A) à l’hôpital. Dès 2019, de nouveaux financements seront mis en oeuvre pour des maladies chroniques comme le diabète et l’insuffisance rénale. Des indicateurs de qualité seront définis afin de juger le parcours de soins dans dix pathologies chroniques présentant le plus d’enjeux en santé publique (non listées). La satisfaction du patient sera aussi prise en compte pour évaluer la qualité des soins.
Avec le désengagement américain, l’OMS annonce une réorganisation et des licenciements
Vaccination, soutien aux soignants, IVG : le pape François et la santé, un engagement parfois polémique
« Je fais mon travail de médecin » : en grève de la faim, le Dr Pascal André veut alerter sur la situation à Gaza
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation