Alors que l'Assurance maladie a lancé début juin une campagne destinée à cibler les médecins « forts prescripteurs » d'arrêts de travail, l'URPS médecins libéraux d'Île-de-France veut prouver par A + B que les médecins libéraux ne sont pas des tricheurs qui prescrivent des indemnités journalières (IJ) à l'envi.
« Consciente des enjeux économiques et sociétaux du sujet des arrêts de travail », l’URPS d'Île-de-France a, de ce fait, « souhaité donner un éclairage sur la perception et la pratique des médecins libéraux via une enquête flash » lit-on dans un communiqué.
Augmentation des prescriptions d'AT ces trois dernières années
Commencée le 6 juillet 2023, cette enquête a permis de récolter au total 973 témoignages de médecins généralistes, psychiatres et rhumatologues franciliens. Les résultats de ce questionnaire permettent d'en tirer des enseignements multiples.
Les résultats montrent notamment que 50 % des répondants constatent une augmentation des prescriptions d'arrêts de travail avec notamment « une accélération durant les trois dernières années ».
« Ceux qui constatent une hausse l’expliquent principalement par les effets du Covid et la dégradation des conditions de travail ressentie par leurs patients », précise l'URPS.
Le motif numéro 1 des prescriptions d'arrêts de travail cité par l'ensemble des médecins répondants sont « les troubles anxiodépressifs, devant les pathologies infectieuses ou douloureuses ».
Les verbatims utilisés le plus régulièrement par les patients lors des demandes d'arrêts de travail sont les termes « stress, anxiété, dépression, surmenage, angoisse ou harcèlement », d'après les sondés.
L'enquête révèle aussi que « les médecins déclarent recevoir très peu de demandes de prescription d’arrêt de travail qui leur paraissent injustifiées ». Ils sont à peine 10 % à estimer en recevoir régulièrement.
Par ailleurs, la prescription d'arrêts de travail par téléconsultation est une pratique relativement rare au regard des résultats de l'enquête. En effet, moins de 10 % des médecins interrogés disent le faire régulièrement.
Menaces et pressions
La question des violences et des agressions semblent aussi être une problématique récurrente parmi les médecins interrogés dans le cadre de cette enquête. En effet, un peu moins d'un tiers (31 %) des répondants déclarent avoir déjà subi des menaces ou des pressions pour les forcer à prescrire un arrêt de travail.
D'ailleurs, pour la très grande majorité (76 %) des sondés, les arrêts de travail de moins de 4 jours ne devraient pas faire l'objet de prescription. En ce qui concerne les arrêts de longue durée, 90 % des médecins seraient favorables « à la mise en place d’une alternative à l’arrêt de travail via un télétravail aménagé ».
Sur l'ensemble des répondants, 18 % déclarent « avoir déjà reçu un courrier de l’assurance maladie au sujet du niveau de leurs prescriptions d’arrêt de travail ».
Dans ce contexte de ciblage des médecins « forts prescripteurs », l'URPS rappelle que l'augmentation des arrêts de travail est un « sujet systémique » et que tel ou tel acteur « ne peut être tenu aux yeux des autres comme seul responsable des défauts du fonctionnement du système ».
« La campagne en cours ciblant les médecins généralistes libéraux ignore ce constat », souligne-t-elle encore.
« Au lieu de condamner les médecins prescripteurs d’arrêts de travail, pourquoi ne pas enquêter sur les raisons du mal-être grandissant des Français ? », interroge enfin, Valérie Briole, présidente de l’URPS des Médecins Libéraux d’Île de France.
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