Agnès Buzyn, l'ex-ministre de la Santé, a-t-elle su anticiper toutes les questions posées par les députés lors de son audition ce mardi 30 juin par la commission Post-Covid de l'Assemblée nationale ? Elle a en tout cas beaucoup préparé son intervention et s'est même reconvertie en enquêtrice en allant puiser dans les archives du ministère. Parfois, Agnès Buzyn devançait même les questions des députés en apportant ses propres réponses. Vu de l'extérieur, elle a voulu donner l'impression d'avoir su réagir correctement, même avant les autres pays européens face à cette crise « évolutive ».
Le 21 janvier, alertée notamment sur un cas d'un marchand de vins ayant fait un voyage en Chine, elle donne une conférence de presse pour alerter l'opinion publique de l'existence de l'épidémie alors que la Chine ne recensait alors que 50 cas. Le 24 janvier, suite à l'annonce des trois premiers cas en France, elle prend toute une série de décisions, la principale étant de demander aux ARS une remontée de terrain des stocks de matériel sanitaire, du nombre de lits de réanimations, de respirateurs…
Le 28 janvier, elle donne des directives à ses services de constituer un stock de masques FFP2 sans pour autant réclamer une quantité précise, « car il n'y en a pas ». De nouveau, est évoquée cette nouvelle doctrine de 2011-2012 où la responsabilité des stocks stratégiques ne revient plus à l'État mais aux acteurs comme les hôpitaux ou les médecins libéraux eux-mêmes.
Le 6 février, selon les remontées de terrain des ARS, des commandes précises sont passées en fonction des stocks déjà disponibles ou pas sur le terrain. Surtout, toutes ces questions [de stock stratégique sanitaire] (« pas que des masques », insiste-t-elle) ne dépendent pas directement de son périmètre, mais de celui directeur de la santé. En 2017, le DGS était Benoît Vallet, raconte Agnès Buzyn. Il demande à ses services un état des stocks. Plusieurs mois plus tard, il se rend compte qu'un nombre de masques sont périmés. Fin octobre 2018, il réalise alors une commande dont Agnès Buzyn n'a pas le souvenir : « Toutes ces questions ne remontent pas jusqu'à la ministre », affirme-t-elle. Elle sera contredite le lendemain par Roselyne Bachelot, ministre de la Santé de 2007 à 2010 qui a eu à gérer le risque de pandémie de grippe A en 2009 : « Je suis une tenante de la politique des masques. Ce n'est pas au moment où la pandémie se déclare qu'il faut constituer des stocks. »
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