Pour son premier déplacement depuis sa nomination à Ségur, la ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, a choisi de se rendre dans la Creuse, territoire sous-doté en médecins. Comme un symbole, l’allergologue a visité le centre de santé d’Ajain, créé deux ans auparavant par le collectif Médecins solidaires. Une « initiative originale », a-t-elle salué, devant le fondateur de ce collectif, le Dr Martial Jardel.
Ici, des généralistes de la France entière – jeunes médecins, installés et retraités – viennent exercer une semaine par an pour répondre à la désertification de ce territoire, qui avait vu son dernier praticien installé partir à la retraite en 2020. Depuis l’implantation de Médecins solidaires, quelque 10 700 consultations ont été assurées au centre d’Ajain.
Des centres qui font recette
Bonne nouvelle : depuis le 10 juillet, les médecins ont déménagé d’un bâtiment préfabriqué pour s’installer « en dur » dans des locaux rénovés et plus spacieux (150 m2) de l’Ehpad local. Ce qui permet, depuis le 23 septembre, d’avoir deux médecins par semaine et d’accueillir un infirmier. Si 1 500 patients ont déjà trouvé un médecin traitant grâce à ce centre de santé original, l’objectif est de doubler ce nombre, notamment pour les personnes souffrant d’une ALD. Il en est de même pour la file active de 20 à 25 patients reçus chaque jour.
Le concept Médecins solidaires n’est plus une simple expérimentation. Quatre autres centres similaires ont ouvert dans la Creuse (Bellegarde-en-Marche), dans le Cher (Charenton-du-Cher), la Nièvre (Chantenay-Saint-Imbert) et désormais la Haute-Vienne (Arnac-la-Poste). Un sixième et un septième centre devraient voir le jour d’ici à la fin de l’année en Centre-Val de Loire et dans un département de Nouvelle-Aquitaine. L’ambition de l’association est d’ouvrir 14 centres d’ici à fin 2025 et 21 en 2026…
21 millions pour l’hôpital d’Aubusson
La dynamique de Médecins solidaires a fait dire à la ministre de la Santé qu’elle aiderait l’association à « pouvoir essaimer dans d’autres départements ». Financièrement ? Non, le Dr Jardel précise que ses demandes sont « principalement administratives et de simplification sur des aspects techniques », comme davantage de facilités pour la rédaction des contrats de travail afin de salarier les médecins.
D’autres acteurs appellent en cette rentrée parlementaire à une solidarité accrue dans les territoires sous-dotés en médecins, à l’instar de la députée Géraldine Bannier (Mayenne, MoDem), qui propose un service civique médical d’un an en zone fragile pour tous les jeunes diplômés (ou à défaut une obligation d’y exercer la première année). Les maires ruraux (AMRF), sous l’impulsion de Gilles Noël, vice-président chargé de la santé, suggèrent de leur côté « une journée par semaine » en maison de santé dans ces territoires sous-dotés pour les nouveaux installés.
La ministre s’est également rendue à l’hôpital d’Aubusson. Elle a annoncé une aide de l’État à hauteur de 21 millions d’euros pour améliorer l’offre de santé dans le territoire et financer le chantier de rénovation de l’établissement.
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