C’est une nouvelle étape qui s’ouvre dans l’affaire du Centre du don des corps (CDC). Les juges d'instruction parisiennes ont terminé ce 21 février leur enquête sur les conditions indécentes de conservation de dépouilles, selon l’AFP. Un délai est maintenant ouvert pour que chaque partie s’exprime et que les instances décident de la suite judiciaire à donner.
L'Université de Paris, nouvelle entité ayant absorbé Paris-Descartes, l'ancien président Frédéric Dardel, ainsi que deux préparateurs, ont en effet été mis en examen pour « atteinte à l'intégrité d'un cadavre ».
Plus précisément, l'ancien président est poursuivi pour ne pas avoir pris les « mesures efficaces (...) afin de remédier à la situation matérielle dans laquelle se trouvait le Centre du don des corps » entre novembre 2016 et décembre 2018, détaille une source judiciaire. Et ce, « malgré les alertes répétées (...) décrivant l'état de décomposition avancée de centaines de corps humains », « leur entassement dans des conditions indignes, en présence de rongeurs », poursuit la même source. Contactée par l'AFP, son avocate, Marie-Alix Canu-Bernard, n'a pas souhaité s'exprimer.
L’Université de Paris poursuivie
Les deux préparateurs sont poursuivis sur une période plus large. Le premier, 49 ans, est mis en examen pour avoir « porté des coups de couteau » et « laissé volontairement les corps à la merci des rongeurs », entre novembre 2013 et janvier 2018, selon la source judiciaire. Son avocat n'a pu être joint. Le second, 81 ans, est poursuivi pour avoir « conservé des ossements (...) dans des conditions indignes » et « dans un but privé » entre novembre 2013 et décembre 2020. Son avocat, Saveriu Felli, a fait valoir auprès de l'AFP que ce préparateur avait exercé « un métier difficile, certainement insupportable pour la grande majorité des êtres humains ». Il a « toujours exercé dans le cadre d'un lien de subordination hiérarchique », a assuré Me Felli.
L'Université de Paris est poursuivie sur une période postérieure à l'ouverture de l'information judiciaire : elle est mise en examen pour avoir conservé au sein de ses locaux des « ossements » dans « des conditions contraires à la dignité des cadavres » entre janvier et décembre 2020. Son avocat, Patrick Maisonneuve, n'a pas commenté à ce stade.
L'urologue Guy Vallencien, pour lequel les parties civiles espéraient une mise en cause, a lui été entendu comme témoin simple.
Une affaire révélée en 2019
Cette étape marque l'ouverture d'un délai pour que les parties fassent des observations, que le parquet prenne ses réquisitions et que les magistrats instructeurs décident du renvoi, ou non, des personnes poursuivies.
« Mes clients attendent que ces mis en examen, présumés innocents, soient renvoyés devant le tribunal correctionnel pour qu'ils s'expliquent », a souligné Frédéric Douchez, qui représente plus de 100 parties civiles sur les 150 constituées. « Nous espérons des poursuites qui permettront de contribuer à réparer le traumatisme causé par cette indignité », a abondé Arié Alimi, avocat d'une partie civile.
L'affaire avait été révélée fin 2019 par L'Express, et une enquête judiciaire lancée le lendemain. Outre les conditions glaçantes de conservation, l'hebdomadaire décrivait des soupçons de marchandisation des corps.
Ces révélations avaient conduit la ministre de l'Enseignement supérieur à ordonner la fermeture du « temple de l'anatomie française », fondé en 1953. Une enquête administrative avait conclu que l'université Paris-Descartes était responsable de « graves manquements éthiques ».
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