IA et micro-chirurgie, le mix gagnant

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Publié le 21/10/2025
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La chirurgie robot-assistée prend un coup de jeune avec l’utilisation de l’IA pour mieux guider le praticien dans son geste.

Console du chirurgien, système de visualisation et chariot pour les patients équipé de quatre bras articulés

Console du chirurgien, système de visualisation et chariot pour les patients équipé de quatre bras articulés
Crédit photo : Intuitive Surgical Operations, Inc

La cinquième génération des robots chirurgicaux da Vinci va bientôt arriver sur le marché après avoir obtenu le marquage CE en juillet. Cette technologie monte d’un cran dans l’utilisation de l’IA pour guider le chirurgien dans l’amélioration de sa pratique.

Trente ans après la création d’Intuitive, concepteur du robot da Vinci, le pionnier américain de la chirurgie robot-assistée s’appuie désormais sur la donnée et les algorithmes pour soutenir la main du chirurgien et non la supplanter. La France, berceau de cette technologie de pointe grâce aux premières interventions du Pr Alain Carpentier, en 1998 à l’hôpital Broussais (AP-HP), pourrait bénéficier des dernières avancées en la matière.  

Le système da Vinci repose sur une console ergonomique, un chariot équipé de bras articulés et un dispositif de visualisation haute performance. Il traduit les mouvements du chirurgien avec une précision supérieure à celle de la main humaine, tout en filtrant les tremblements. « Nous avons dépassé 10 000 systèmes da Vinci dans le monde entier, dont 5 000 aux États-Unis, 1 500 en Europe et 300 installés en France », affirme Michel Nijs, directeur France chez Intuitive, pour qui « le robot a un effet positif sur l’organisation de l’hôpital qui manque de staff depuis la crise sanitaire du Covid ».

Anticiper les défaillances

Historiquement, les spécialités utilisatrices des robots chirurgicaux sont l’urologie, la gynécologie, la chirurgie digestive, la chirurgie thoracique et l’ORL. Pour l’instant, le da Vinci 5 a reçu l’autorisation de mise sur le marché de la Food and drug administration (FDA) pour les procédures en urologie, chirurgie générale, gynécologique et thoracique chez l’adulte.

Le nouveau système utilise une technologie de détection de forme par fibre optique pour guider un cathéter robotique dans le poumon. Cette précision en temps réel repose sur des calculs algorithmiques dérivés du traitement des données de navigation. Le chirurgien est ainsi en capacité d’évaluer avec précision, via les vidéos, ses gestes, le temps de l’opération, les instruments utilisés, etc. Il peut aussi se comparer à d’autres confrères et s’entraîner ensuite sur un simulateur. Grâce à toutes les actions compilées dans des fichiers journaux (logs), les ingénieurs sont en capacité d’anticiper des défaillances et de venir réparer le système avant qu’il ne soit défectueux.

À ce jour, près de 17 millions d’actes chirurgicaux ont été réalisés avec les robots da Vinci, dont 2,6 millions uniquement en 2024.

L’IA n’est pas une menace pour les soignants français

L’IA est un levier d’efficacité et non une menace, conclut une enquête de Philips sur l’utilisation de l’IA par les soignants dans 16 pays. En France, où une centaine de médecins, chirurgiens, infirmières et assistants médicaux ont été interrogés, neuf professionnels sur dix estiment que l’IA peut les aider à automatiser les tâches répétitives et à optimiser les flux de travail. Ils sont également 82 % à penser que cet outil aide à réduire le temps d’attente des patients, 75 % qu’il améliore la circulation dans les services et 70 % qu’il permet de prendre en charge davantage de patients. Plus des deux tiers considèrent enfin que l’IA pourrait leur redonner du précieux temps clinique. Des réserves subsistent néanmoins. Un quart des soignants (26 %) jugent que les nouvelles technologies numériques ne sont pas conçues pour leurs besoins réels et 78 % s’interrogent sur la responsabilité juridique en cas d’erreur d’un système d’IA. Ils demandent avant tout des preuves scientifiques (49 %) et des lignes directrices claires (41 %) pour encadrer son usage.


Source : Le Quotidien du Médecin