Que l'on exerce dans un grand centre urbain ou dans un village rural, la pratique de la médecine générale n'est pas tout à fait la même. Une étude menée en 2017 par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé s'est justement intéressée aux spécificités de l'exercice en zone d'intervention prioritaire (ZIP)*.
Selon la Drees, 7 000 des 65 300 médecins généralistes libéraux recensés en 2019 exerçaient en ZIP, constituées de territoires « majoritairement situés dans les espaces périurbains ou en dehors de l’influence des pôles urbains ».
Du fait des tensions démographiques observées dans ces territoires sous-dotés en médecins, les praticiens y ont un rythme de travail plus soutenu.
Moins de temps pour se former
Si le temps de travail hebdomadaire moyen des généralistes est sensiblement identique en ZIP et hors ZIP (respectivement 52,7 et 53,2 heures) entre 2014 et 2017, le nombre de consultations effectuées par an était supérieur de 10 % dans les territoires en tension. Les omnipraticiens exerçant en ZIP voyaient par ailleurs 14 % de patients en plus sur l'année. « Les médecins de ces zones ont répondu à une demande de soins plus importante en augmentant leur rythme de travail. Leur temps de consultation est ainsi inférieur de 10 %, en moyenne », indique l'étude.
Exercer en ZIP, c'est donc avoir moins de temps à consacrer à ses patients mais aussi en dégager moins pour se former. Ainsi 21 % des MG exerçant en zone sous-dense déclarent ne pas avoir suivi de formation continue durant l’année précédant l’enquête, contre 13 % des médecins des autres zones. Parmi les médecins suivant des formations, le temps consacré est cependant inférieur de 14 %. « La formation continue pourrait ainsi constituer une variable d’ajustement du temps de travail » commentent les auteurs de l'enquête.
Moins de prévention et plus de prescriptions d'opioïdes
Dans la pratique pure, le fait d'être installé en ZIP joue également. Conséquence directe d'une durée limitée des consultations, ces praticiens effectuent moins certains actes de prévention que leurs confrères. Les résultats de la Rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) pour les médecins exerçant en ZIP montrent « des écarts significatifs pour les dépistages des cancers du col de l’utérus et du sein, ainsi que pour la vaccination des personnes âgées ».
Si l'enquête précise qu'ils « ne relativisent pas plus que leurs confrères les risques d’interaction entre médicaments », ils prescrivent davantage d’antidouleurs opioïdes et moins de soins paramédicaux que leurs confrères. Une donnée qui peut aussi s'expliquer par la faible densité en infirmiers et en masseurs-kinésithérapeutes dans ces territoires.
*Les zones ZIP, déterminées par les Agences régionales de santé (ARS), sont les plus sinistrées en termes de démographie médicale et d'offre de soins. Elles ouvrent le droit à des aides à l'installation de l'État ou de l'Assurance maladie. Le territoire français classé ZIP se composait en 2019 de près de 9 000 communes, soit 17 % de la population. Les généralistes exerçant en ZIP sont le plus souvent des hommes (63 %, contre 57 % hors ZIP), plus âgés que leurs confrères (54 ans, contre 51 ans dans les autres zones).
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