Vous avez décidé de réunir les médecins autour du sujet « Médecin généraliste traitant : un engagement local, social et durable ». Pourquoi ce thème ?
Dr Jacques Battistoni : Aujourd’hui, le généraliste assure une fonction de médecin traitant vis-à-vis de sa patientèle et aussi vis-à-vis de la population puisqu’on lui demande de plus en plus de s’occuper de ce qui se passe autour de lui et pas seulement de sa patientèle. La fonction de médecin traitant n’a pas loin d’une vingtaine d’années mais doit encore évoluer. Il faut que tout le monde puisse y avoir accès, ce qui pose la question de comment s’y prendre pour qu’il n’y ait plus près de 10 % de la population sans médecin traitant.
Le terme d’engagement local souligne que c’est en proximité, dans le territoire, que se développeront de plus en plus l’action du médecin traitant et les solutions pour résoudre les problèmes d’accès aux soins, en collaboration avec les autres professionnels de santé, les élus locaux, les agences régionales de santé (ARS) et l’Assurance maladie.
L’engagement social est important, notamment pour les populations qui ont du mal à accéder aux soins. Il est essentiel de travailler à un égal accès aux soins pour tous, d’un point de vue économique.
Enfin, l’engagement durable fait référence à la crise climatique. Nous pensons que les généralistes ont un rôle à jouer pour prendre en compte la santé environnementale. Ce sont des observateurs privilégiés des déterminants de santé. Cela concerne aussi l’action du généraliste au sein même de son cabinet, pour la gestion de ses déchets, pour organiser de façon plus écoresponsable son environnement professionnel.
Quels seront les temps forts de ces deux jours ?
Dr J. B. : La première journée est davantage consacrée aux relations partenariales avec les autres acteurs, notamment l’Assurance maladie. Évidemment, nous parlerons de la prochaine convention, Thomas Fatôme sera donc présent, ainsi que les présidents des principaux syndicats médicaux. La deuxième journée sera axée sur l’accès aux soins, les territoires, les relations avec le gouvernement.
Un congrès de MG France, ce n’est que tous les trois ans, donc nous essayons d’aborder tous les thèmes d’actualité importants qui touchent la discipline. Nous aurons notamment un focus sur la recertification, avec Lionel Collet, président du Conseil national de la certification, et Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale. Ce sera aussi l’occasion d’évoquer la formation initiale et la mise à jour du référentiel métier du généraliste. Les questions de santé environnementale, des perturbateurs endocriniens notamment, seront abordées avec le Réseau environnement santé. Nous parlerons aussi avec des représentants de la FNI*, de la FFMKR* et nous aurons un temps avec Philippe Besset, de la FSPF*, pour évoquer par exemple le dispositif de pharmacien référent et ce qu’on en attend. Nous allons aussi confronter les expériences sur le terrain des différentes organisations des soins avec la présence de personnes qui sont porteuses d’expérience de centres de santé. Les centres de santé se présentent comme une alternative à la médecine libérale, nous verrons comment cela nous interpelle et doit nous faire réfléchir à nos organisations. Pascal Roché, directeur général de Ramsay santé, sera présent ainsi que des représentants des centres de santé de Saône-et-Loire, ou d’Ipso santé, une expérience libérale.
Au-delà du Congrès, une grande concertation sur le système de santé doit s’ouvrir à l’été. Qu’en attendez-vous ?
Dr J. B. : J’attends d’abord que cela ne dure pas trop longtemps, qu’on ne ressasse pas les états généraux d’il y a dix, quinze ans pour essayer de réinventer la poudre. Il faut donner la main rapidement aux acteurs de terrain pour organiser l’accès aux soins dans les territoires. Il y a urgence pour accompagner et aider les généralistes à prendre en charge plus de patients. La conférence nationale doit fixer les objectifs. L’accès aux soins dans les territoires et le soutien aux professionnels en sont deux fondamentaux, améliorer les relations ville-hôpital également. Il faut regarder les dispositifs existants qui permettent d’aider les professionnels. Nous allons déjà faire des propositions dans le cadre de la mission de François Braun. Nous souhaitons qu’elles puissent se déployer rapidement. Il y a également un vrai sujet autour des assistants médicaux, des locaux pour les professionnels de santé dans les territoires et sur l’ingénierie de projet. Pour organiser les soins, il y a un investissement minimal à faire qui porte sur l’organisation et le partage du travail.
*Fédération nationale des infirmiers, Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs, Fédération des syndicats pharmaceutiques de France
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols