Après un roman autobiographique intitulé Juive, catholique, copte et française, l’impossible est possible, le Dr Judith Loeb Mansour a souhaité, dans un nouvel ouvrage, partager son quotidien de médecin généraliste. Un métier « passionnant et pas toujours facile » mais qui s’est imposé à elle comme une évidence.
« Un été, alors que j’étais adolescente, je suis partie en camp scout et ça ne s’est pas très bien passé. Je suis finalement rentrée et j’ai développé une angine. Là, ça a été le déclic, j’ai compris qu’il y avait un lien entre ce qu’il se passait dans ma tête et ma maladie. J’étais une élève très scientifique. La médecine m’a donc paru être à la croisée des chemins entre les sciences humaines et les sciences naturelles. Finalement, mon envie d’exercer ce métier est passée par la psychologie », confie la praticienne.
Humanité, écoute et bienveillance
Cette approche psychologique et sociale de la médecine sera le fil rouge de sa carrière. De l’externat, effectué à la faculté de médecine de Strasbourg, en passant par l’internat à la faculté Saint-Antoine de Paris, jusqu’à aujourd’hui dans son cabinet situé à Argences (Calvados), Judith Loeb Mansour écoute attentivement ses patients, les guide et tente de leur apporter les soins les plus adaptés.
« Écouter ce que la maladie a à dire, c’est la première pierre de ma vocation médicale. (...) Il ne faut jamais oublier que la personne n’est pas qu’un corps, qu’on peut être malade car souffrant intérieurement », écrit-elle.
Forte de ces vingt années d’expérience, la praticienne partage au gré des pages des anecdotes et des conseils sur ce métier qu’elle affectionne tant. « Étant médecin, femme et maman dans une zone rurale, j’ai eu envie d’enseigner dans ce livre quelques techniques et connaissances à tous ceux qui souhaiteraient embrasser ce métier un jour mais aussi à tous les patients qui s’interrogent sur les facettes inconnues de la profession. »
Dans cet ouvrage, pas de jargon professionnel ni de termes scientifiques et techniques, mais essentiellement des exemples de situations concrètes qui se sont présentées à elle ces dernières années et qui ont fait parfois sa joie, parfois sa peine. Elle raconte notamment comment elle a accompagné une patiente qui rencontrait de très grandes difficultés pour procréer et la joie procurée quand celle-ci a finalement pu donner naissance.
Cauchemars en cabinet
Mais comme le relève le Dr Judith Loeb Mansour, la médecine réserve aussi tout son lot de moins bonnes surprises : contraintes administratives et logistiques, horaires à rallonge, patients agressifs, sentiment de solitude, manque de considération et plus dernièrement, difficultés pour assurer la continuité des soins pendant la crise du Covid-19.
La praticienne revient aussi sur un épisode traumatisant, celui de son agression, en 2011. « C’était un 21 décembre avant de nouveaux rendez-vous, c’était calme. Le petit ami d’une patiente est entré dans mon cabinet le visage caché par une écharpe, (...) il m’a demandé la caisse, m’a poussée. Il a sorti un couteau, je l’ai attrapé et je me suis mise en boule. J’ai crié en me disant que ma voisine allait m’entendre et appeler les gendarmes mais elle ne l’a pas fait. Il a récupéré le couteau et m’a plantée. Il n’est pas passé loin de l’artère sous-clavière mais il a fini par se blesser et j’en ai profité pour m’enfuir », confie-t-elle.
Pour autant, après cette agression, la praticienne a repris « rapidement » le travail. « J’adore mon métier et je suis attachée à mes patients, je ne pouvais pas les laisser trop longtemps, explique-t-elle. J’ai, depuis, installé des caméras pour assurer ma sécurité. »
Pistes de réflexion pour faciliter l’exercice du métier
Enfin, le Dr Judith Loeb Mansour explore quelques pistes de réflexions pour faciliter l’exercice de la médecine. Elle propose notamment la mise en place d’un « mini-SMUR » pour un meilleur accès aux soins. Elle invite également à ce que les patients ramènent lors de chaque consultation un trieur avec l’ensemble des documents relatifs à leur santé pour une « meilleure collaboration médecin-patient ».
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