Il était temps. Les alertes sur la sécurité des soignants se multiplient ces dernières années. Outre les agressions tragiques qui font grand bruit, c’est la violence au quotidien qui mine l’activité des blouses blanches. L’observatoire annuel de l'Ordre, publié en mai, témoignait même d'un nombre record d'incidents, avec 1 244 déclarations en 2022 (+ 23 % en un an). C'est dans ce contexte que la ministre déléguée aux Professions de santé avait confié une mission de concertation à Nathalie Nion, cadre de santé de l’AP-HP, et au Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins. Depuis la présentation de leur rapport début juin, le secteur était en attente des arbitrages. C’est désormais chose faite.
Le plan sur la sécurité des soignants, présenté par Agnès Firmin Le Bodo, prévoit 42 mesures reflétant « notre volonté d'afficher une tolérance zéro vis-à-vis des violences ». Le ministère a retenu trois axes : sensibiliser le public et former les soignants ; prévenir les violences et sécuriser l’exercice ; mieux déclarer les agressions et accompagner les victimes. Un délit d’outrage spécifique pour tous les professionnels de santé, qu’ils exercent en ville ou à l’hôpital, sera créé, alors que les agressions verbales et les menaces sont passées de 43 % des incidents subis en 2003 à 73 % en 2022. Pointé également par l’Ordre, le faible taux de plaintes déposées par les médecins victimes (31 %) trouvera-t-il des solutions ? Plusieurs mesures visent en tout cas à inciter les soignants à déclarer systématiquement ces faits, voire à leur faciliter les démarches et à les accompagner dans la durée. L’exécutif mise aussi sur la formation des agents administratifs et des soignants des hôpitaux. Et les libéraux les plus exposés pourront bénéficier de dispositifs d'alerte subventionnés.
Si plusieurs mesures de ce plan promettent de vraies avancées pour faire face au fléau des violences, d’autres laissent dubitatif. Une campagne nationale doit rappeler au grand public le « respect dû aux soignants », puisque cela ne coule pas de source. Et certains objectifs mettent surtout en exergue les difficultés structurelles du système de soins. Quand il s’agit par exemple d’améliorer la qualité des informations aux patients, comme le temps d’attente estimé, cela renvoie aux très fortes tensions sur l'accès aux soins en ville comme à l’hôpital. Sans réforme plus profonde, pas sûr que cette panoplie de mesures permette d'inverser la tendance.
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