Alors que le débat sur la répartition des rôles entre l'Assurance-maladie et les complémentaires est réservé à un cercle d'initiés, l'ouvrage de Daniel Rosenweg, ex-journaliste au « Parisien », a pour premier mérite de rendre le sujet accessible. Ce qui tombe à pic car l'hypothèse d'une « grande Sécu » refait surface. Mais c'est à la sulfateuse que l'auteur s'en prend aux mutuelles, entendues ici au sens très large des trois familles de complémentaires, dénonçant à longueur de pages hausses indues de cotisations, frais de gestions excessifs, manque de transparence ou rente de situations. Mais le procès est autant celui des politiques, surtout de gauche, que des organismes eux-mêmes. Loi Evin de 1989 sur les complémentaires, loi Le Roux sur les réseaux de soins ou réforme de la mutuelle d'entreprise obligatoire voulue par François Hollande sont détricotées. S'il pousse le consommateur à s'interroger sur l'utilité même de souscrire une mutuelle, l'auteur conclut paradoxalement par un plaidoyer pour les complémentaires mais au travers d'un nouveau partage des rôles. En créant une Assurance-maladie intégrale plus couvrante, à l'image du régime alsacien-mosellan, les mutuelles pourraient se concentrer sur un champ élargi qu'elles couvriraient au premier euro. Une idée soufflée dans le livre par Agnès Buzyn.
« Le livre (très) noir des mutuelles », Daniel Rosenweg, éditions Albin Michel, 260 pages, 16,90 euros.