La genèse du jazz ravivée

Vieux styles, nouvelle jeunesse

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Publié le 25/02/2019
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Jazz-Mem'Ory

Jazz-Mem'Ory

Jazz-Les rois du fox-trot

Jazz-Les rois du fox-trot

Le groupe Mem'Ory rassemble autour du trompettiste Michel Bonnet quelques-uns des meilleurs représentants du jazz style Nouvelle Orléans, appartenant à des formations phares du genre comme Pink Turtle, les Haricots Rouges (créés en 1963 !) ou encore anciens du Claude Bolling Big Band.

Prix Sidney Bechet de l'Académie du jazz en 1995, le leader, qui a été partenaire de Claude Luter, a fait appel à des amis, dont Patrick Bacqueville (trombone) et Jacques Schneck (piano), pour honorer, comme le nom de la formation créée en 2007 l'indique, la musique et la mémoire du tromboniste louisianais Edward « Kid » Ory (1886-1973).

D'où « Raglim' Ory » (Frémeaux & Associés). Plutôt que de faire de simples reprises, le jazz-band français a décidé de rejouer certains des ragtimes, dont certains n'avaient jamais été enregistrés, façon jazz. Si l'on retrouve l'incontournable « Tiger Rag », il faut tendre l'oreille vers des compositions de Scott Joplin du début du XXe siècle (dont le fameux « The Entertainer », thème du film « l'Arnaque ») et celles de Claude Bolling. Sans oublier « la Marseillaise », remarquable et étonnante en version syncopée.

Swing et bonne humeur

Depuis plusieurs années, le saxophoniste/clarinettiste Nicolas Montier fait les riches heures du club le Petit Journal Saint-Michel à Paris, aux commandes de sa formation Les Rois du Fox-Trot, en faisant revivre la musique des premiers grands orchestres des années 1920, comme ceux de Fletcher Henderson, King Oliver ou Bennie Moten.

Ce tentet, dans lequel officient également Patrick Bacqueville, Michel Bonnet (cornet), Jacques Schneck, Shona Taylor (cornet) et Deborah Tropez (batterie), a voulu dans son dernier opus rendre « Hommage à Duke Ellington » (Ahead/Socadisc).

À l'exception d'un morceau écrit par Stan Laferrière (fils de Marc Laferrière, batterie), le répertoire se compose de thèmes de la plume d'Ellington, datant des décennies 1920-1930. Ni imitations, ni copies conformes, mais une belle série de recréations enthousiastes et ferventes de standards comme « Caravan », « The Mooche », « Creole Rhapsody » ou encore « Jubilee Stomp », avec des solistes de haute volée. Du swing à l'ancienne et de la bonne humeur !

Deux ingrédients majeurs que l'on retrouve dans le jazz interprété par le quintet Jelly Bump. Créé en 2017 à l'initiative d'Emmanuel Hussenot (saxe, flûte, vocal), lui-même fondateur du fantasque Orphéon Célesta voici plusieurs décennies, le groupe fait revivre avec humour, malice et une certaine fougue, le jazz des années 1920-1930 et ses principaux protagonistes (D. Ellington, avec « Caravan », « Jubilee Stomp », J. R. Morton, S. Bechet, avec « Petite fleur »). Il propose aussi ses propres compositions et va jusqu'à emprunter à Chick Corea (« Armando's Rumba »), comme le laisse entendre son dernier CD éponyme (Mamusic).

Un bon coup de dépoussiérage pour une musique toujours d'actualité et vivante pour les inconditionnels. 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9727