Au Théâtre-Studio d’Alfortville, sans décor, dans des vêtements d’aujourd’hui, Christian Benedetti met en scène le chef-d’œuvre dans la simplicité tragique et sa force émotionnelle. Dans le rôle de Nina, Anamaria Marinca, héroïne du film « 4 mois, 3 semaines et 2 jours », palme d’or du festival de Cannes 2007.
Rien de plus simple, rien de plus fort que Tchekhov, Christian Benedetti nous le rappelle avec cette mise en scène très arte povera de « la Mouette ». Mais la richesse est dans le récit, dans les personnages, dans la manière dont ils s’expriment – ici dans la traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan – dans la manière dont ils sont incarnés.
Ici, c’est la vérité qui touche, la sincérité qui bouleverse. Au Théâtre Studio, une charpente de bois, une galerie, des gradins recouverts de velours rouge, pas de scène. Cette simplicité presque sévère suffit. Quelques chaises, un semblant de minuscule tréteau pour le théâtre du bord du lac, une table, rien. Les costumes sont les vêtements que les comédiens pourraient porter lors d’une répétition. Ils sont là et si bien incarnés, dans une mise en scène au mouvement si juste, que l’on est embarqué, on les écoute, on ne se demande plus vraiment quand tout cela se passe. L’universel de Tchekhov est là, pur et simple devant nous.
Les comédiens sont tous engagés de toutes leurs fibres dans ce beau travail.
L’action se situe dans un domaine, au bord d’un lac. Il est tenu par l’intendant Chamraiev, ancien lieutenant. Laurent Huon le joue. Marie-Laudes Edmond, est Paulina, sa femme, Nina Renaux, Macha, leur fille, en deuil d’elle-même, qui épousera sans conviction l’instituteur Mevedenko, que joue Christophe Caustier. Sa mère aime le médecin Dorn, Philippe Crubézy, ami de la famille et admirateur passionné d’Arkadina, la propriétaire. Comédienne qui revient pour les vacances, Arkadina, égoïste et pingre, est jouée par Brigitte Barilley. Elle vit avec Trigorine, écrivain à succès, Christian Benedetti lui-même, qui traite très mal le fils de la maison, Treplev, qui écrit lui aussi, s’éprend de Nina la mouette, qui se détruira en tombant amoureuse de Trigorine. N’oublions pas le frère d’Arkadina, Sorine, à qui Jean-Pierre Moulin prête son humanité savoureuse.
Amours malheureuses, ambitions tuées, autodestruction, tout ici est tragique et pourtant il y a une légèreté de la vie, une grâce. Très bien dirigés, les interprètes touchent. Anamaria Marinca, qui joue Nina avec un très discret accent, le montre en la faisant vivre devant nous, éperdue et vulnérable. C’est très beau.
Théâtre Studio d’Alfortville (16, rue Marcelin-Berthelot, tél. 01.43.76.86.56, www.theatre-studio.com), à 20 h 30 du mardi au vendredi et le samedi à 19 h 30. Durée : 2 heures sans entracte. Jusqu’au 2 avril.
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