À Garnier, reprise de l'opéra dansé « Orphée et Eurydice » (1), une des meilleures chorégraphies de Pina Bausch (1940-2009), et adieux à la scène du Ballet de l’Opéra de Paris (BOP) de la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot, atteinte par la limite d’âge de 42 ans.
Cette magnifique danseuse, une des rares étoiles des quinze dernières années du BOP à mériter pleinement ce titre, qui devrait rester exceptionnel, a été la première dans l’histoire de l'illustre maison à être nommée en dansant un ballet contemporain, « Signes », de Carolyn Carlson, en 2004. Ses créations de pièces de Ek (« Giselle »), Béjart (« Boléro »), Petit, Preljocaj, Wheeldon resteront des références.
L'« Orphée et Eurydice », de Gluck (version traduite en allemand), que reprend le BOP est un spectacle d'une beauté formelle un peu froide monté en 1975 par Pina Bausch à l'Opéra de Wuppertal et repris à Paris en 2005. Le rituel scénique est un peu compliqué et la fin est abrupte, la chorégraphe ayant supprimé le dénouement de l'opéra.
Dans la fosse, le Balthasar-Neumann Ensemble, sous la direction énergique de Thomas Hengelbrock, joue avec beaucoup plus de souplesse que lors des précédentes reprises et le chœur atteint à de grandes beautés sonores. Stéphane Bullion et Marie-Agnès Gillot sont superbes dans les rôles éponymes. Le premier se tire avec grâce d'une chorégraphie compliquée et épuisante et est magnifiquement doublé par l’excellent alto Maria Riccarda Wesseling. Gillot, vêtue de carmin, est la grâce même en Eurydice, elle aussi très finement doublée par le soprano Yun Jung Choi. Muriel Zusperreguy a beaucoup mûri son rôle d’Amour, dans lequel elle est doublée par le soprano Chiara Skerath. Magnifiques aussi sont les danseurs du corps de ballet qui dansent Furies et Cerbères.
Terry Gilliam et la Comédie-Française
L’Opéra Bastille reprend le « Benvenuto Cellini » de Berlioz (2) créé en 2014 à l’English National Opera par le cinéaste Terry Gilliam, père des Monty Python. On avait adoré sa « Damnation de Faust » créée en 2011 sur la même scène londonienne. Son « Cellini » est un spectacle de haute voltige, réalisé à un niveau technique ahurissant, mais il lasse très vite, car ne se concentre que peu sur le cœur du propos, la souffrance dans la création artistique.
La distribution, inégale hormis le ténor John Osborne dans le rôle du sculpteur, chante un français très improbable. Philippe Jordan semble s’amuser beaucoup en dirigeant son orchestre mais il passe à côté de la folie propre à l’humour berliozien et à cette œuvre singulière dans la production du compositeur.
L’intransigeant Berlioz était un inconditionnel du « Domino noir » d’Auber sur un vaudeville de Scribe (3), que reprend l’Opéra Comique, qui l’avait créé en 1837 et où il fut un des titres les plus joués jusqu’à la première guerre mondiale. Le spectacle réalisé par Valérie Lesort et Christian Hecq, de la Comédie-Française, est un pur délice, mariant avec habileté les contraintes de l’opéra comique, son chant et les dialogues parlés. Quelques gags, de formidables marionnettes et une excellente animation des personnages pimentent cette spirituelle mise en scène.
Patrick Davin dirige, hélas à un niveau sonore un peu excessif, cette délicieuse partition qui réclame plus de finesse. Anne-Catherine Gillet, Cyrille Dubois et François Rougier, avec des moyens vocaux cependant un peu limites, se tirent fort bien des rôles principaux. L’apparition de Sylvia Bergé, de la Comédie-Française, en Sœur Ursule restera inoubliable. Un bain de bonne humeur !
(1) Opéra Garnier, jusqu’au 6 avril. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
Un DVD au livret superbement illustré, enregistré en 2008 avec la distribution de l’époque (Yann Bridard, Marie-Agnès Gillot et Miteki Kudo), a été édité par Bel Air Classiques
(2) Opéra Bastille, jusqu’au 14 avril. Tél. 0892.89.90.90, www.operadeparis.fr
Sur France Musique le 22 avril à 20 heures
(3) Opéra Comique, jusqu'au 5 avril. Tél. 0825.01.01.23, www.opera-comique.com
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