Une compilation et deux nouveautés

Une reine et des chevaliers

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Publié le 01/10/2018
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Jazz3- Milteau

Jazz3- Milteau

Jazz2- Ed Motta

Jazz2- Ed Motta

Jazz1-Aretha Franklin

Jazz1-Aretha Franklin

Disparue en août dernier à 76 ans, des suites d'un cancer du pancréas, Aretha Franklin restera dans l'histoire de la musique noire américaine comme la « Queen of Soul ». Une reine qui n'était pas seulement une chanteuse et pianiste née en 1942 à Memphis – la capitale du blues, du rock et du rhythm'n'blues –, mais également une femme engagée dans la lutte pour les droits civiques et l'égalité entre les sexes. Une icône qui, en reprenant en 1967, dans une version musclée, féminisée et entrée dans l'histoire, un titre écrit par Otis Redding, demandait plus de « R-E-S-P-E-C-T » pour les Noirs et les femmes aux États-Unis.

Cet hymne pour la parité et l'identité fait évidemment partie de l'anthologie « Aretha Franklin - The Atlantic Singles 1967-1970 » (Atlantic/Rhino Records, double CD et vinyle), qui vient de paraître. Cette compilation contient 34 titres, pour la plupart des reprises, gravés pour le célèbre label, qui ont offert à l'artiste neuf singles dans le Top 20 américain, trois albums disques d'or, trois Grammy Awards et ses premiers hits internationaux. Des morceaux célèbres qui soulignent son immense talent et la place que cette diva du R&B et du gospel occupait dans la musique contemporaine. Une déesse irremplaçable.

Fusion et tout terrain

Imposant physiquement, le chanteur brésilien Ed Motta est surnommé le « sultan de la soul » ou le « colosse de Rio », où il est né voici 47 ans. Grand collectionneur de vinyles (il en possède plus de 30 000, tous styles confondus), c'est sans doute grâce à ce brassage musical qu'il a lui-même concocté un style qui fusionne toutes les musiques actuelles, de ses racines brésiliennes au jazz, au soft rock, funk et soul, voire disco. Une fusion qui compose l'essentiel de son nouvel album, « Criterion of the Senses » (Membran/Sony Music).

Aidé d'une voix de velours, le leader (qui est aussi pianiste, guitariste et percussionniste) délivre une série de compositions personnelles dont l'atmosphère n'est pas sans rappeler celle créée par Marvin Gaye il y a plusieurs décennies, dans laquelle le charme et la douceur sont omniprésents. Il sera en concert le 30 octobre au New Morning, à Paris.

De Marvin Gaye (1939-1984), il est justement question dans « CrossBorder Blues » (Naïve), le disque d'un trio assez improbable dans son attelage sonore : Harrison Kennedy (chant, guitare, banjo, cuillères), Jean-Jacques Milteau (harmonica) et Vincent Segal (violoncelle). Milteau, authentique bluesman et incontesté maître es harmonica, et Segal, violoncelliste tout terrain (du jazz, au funk, au rap, au rock, à la musique africaine et à la variété française), se sont associés au vénérable bluesman canadien à la voix d'or (76 ans), qui a eu la chance unique d'accompagner Marvin Gaye lors de l'enregistrement de son titre légendaire, « What's Going On » (1971). Titre que l'on redécouvre ici dans une magnifique version dépouillée et très émouvante. Avec d'autres standards, comme « Imagine », « Georgia on my Mind » ou « The Thrill is Gone ». Un opus alliant tradition, modernité, invention et innovation grâce à trois fortes personnalités qui ont le goût du partage. Le trio sera le 8 octobre au Café de la Danse, à Paris.

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9690