Scénariste, dramaturge et écrivain, cet esprit caustique est associé dans bien des pensées à Luis Bunuel. De fait, un monde dans lequel croyances, superstitions et fariboles dament le pion à la science n’est-il pas tout bonnement surréaliste ?
« La croyance, disait Alain, est le mot commun qui désigne toute certitude sans preuve. » De fait, on ne croit pas que deux et deux font quatre, on le sait ou on l’ignore. La croyance se place d’emblée dans une immédiateté qui exclut le doute. C’est bien ici que se situe un drame : la connaissance cherche lentement, se remet en question, semble aujourd’hui encore inachevée… et se voit moquée par le monde des croyances, pour lequel tout phénomène peut être « un signe de Dieu ».
Polythéisme, monothéismes, rites magiques, Jean-Claude Carrière multiplie à plaisir les exemples picorés dans l’espace et le temps. Un seul suffira. En Indonésie, les habitants adorent un gros lézard qu’ils chouchoutent et auquel ils adressent des prières car il guérit certaines maladies. Bien sûr, rien n’est prouvé, mais depuis cinq ou six millénaires, les hommes « ont inventé des milliers de dieux pour lutter contre leurs peurs, leurs regrets et leurs espérances toujours déçues ».
Jamais aucun de ces dieux ne s’est manifesté, pourtant chaque adorateur continue d’affirmer que seul son dieu est le vrai et que les autres sont des hérétiques qu’il faut mettre à mort. Chaque croyant continue d’affirmer que son dieu finira par apparaître lorsque des temps nouveaux surgiront. Le messianisme est en soi une preuve. Paradoxalement, les échecs de la croyance la fortifient. Il en est ainsi de la fin du monde, déjà annoncée des centaines de fois dans l’histoire humaine.
De fait, la croyance est une structure mentale autofondée, les griffes du réel n’y changent rien. « J’y crois quand même », pleurniche le fidèle, précisément parce que c’est absurde, suggère Pascal. Pour ce qui est de l’auteur de ces lignes, il ne croit qu’à une seule chose, que Jean-Claude Carrière a écrit un livre corrosif et brillant.
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